Je vous écris à vous qui portez des jugements sur le travail des cols bleus de Montréal, à vous qui oubliez que derrière ces hommes et ces femmes, il y a des êtres humains... et surtout, il y a mon fils. Il ramasse les déchets dans Hochelaga- Maisonneuve. Il vous permet d'avoir un quartier propre et salubre. Il ramasse ce que vous ne voulez plus garder, vous savez, ce petit sac qui émet des odeurs dans votre cuisine et que vous vous dépêchez de mettre aux ordures.

Je vous écris à vous qui portez des jugements sur le travail des cols bleus de Montréal, à vous qui oubliez que derrière ces hommes et ces femmes, il y a des êtres humains... et surtout, il y a mon fils. Il ramasse les déchets dans Hochelaga- Maisonneuve. Il vous permet d'avoir un quartier propre et salubre. Il ramasse ce que vous ne voulez plus garder, vous savez, ce petit sac qui émet des odeurs dans votre cuisine et que vous vous dépêchez de mettre aux ordures.

Récemment, le partenaire de mon fils a été victime d'un individu qui, en état d'ébriété, a foncé sur le camion à vidanges alors que le jeune homme de 29 ans y jetait les sacs à ordures. Résultat, une jambe en moins, l'autre très amochée et un bras avec multiples fractures. Sa vie a basculé ! Personne n'en a glissé un mot et non, cela ne fait pas sensation! Il ne dormait pas pendant sa pause, il n'était pas en état d'ébriété à conduire un camion de la ville! Non, il faisait simplement et honnêtement son travail d'éboueur. S'il était policier ou pompier, on lui remettrait une médaille. S'il était premier ministre, il recevrait des tonnes de lettres d'appuis et de soutien... mais il n'est qu'un col bleu.

Ce jeune homme ne pourra plus faire son travail.  La vie de mon fils aussi a changé. Le travail n'a plus la même signification, à cela s'ajoute la peur qu'un jour ça soit son tour.

Il y a les menaces, les sacs à poubelle reçus par la tête, les blessures causées par la négligence des citoyens et les automobilistes impatients derrière un camion à ordures... et désormais la crainte d'un accident.

Lorsque vous croiserez un col bleu, dites-vous que c'est un être humain et qu'il est peut-être mon fils ou qu'il pourrait être le vôtre. En attendant, toi qui es toujours sur ton lit d'hôpital, garde le moral et bon courage!