Le message des dernières élections était très clair pour le Parti libéral du Canada. Non seulement on n'avançait pas, on continuait de reculer. Au cours des sept dernières années, nous avons perdu environ 15% de l'électorat canadien.

Le message des dernières élections était très clair pour le Parti libéral du Canada. Non seulement on n'avançait pas, on continuait de reculer. Au cours des sept dernières années, nous avons perdu environ 15% de l'électorat canadien.

Il devient maintenant urgent d'agir afin de trouver des solutions réalistes et concrètes. Il n'y a pas de raccourci.

Évitons également de faire l'inquisition afin de blâmer une personne ou un groupe, car nous devons tous partager le blâme.

Je suis un libéral. J'aime passionnément mon parti et ses valeurs. Toutefois, je me pose la question suivante: la majorité des Canadiens partage-t-elle ces mêmes valeurs? Honnêtement, je crois que oui, mais nous devons résoudre un problème qui demeure à ce jour: le libéralisme a besoin d'un meilleur Parti libéral. Voilà où le travail doit se faire et nous devons prendre le temps de bien le faire. Nous ne pouvons manquer notre coup cette fois si nous voulons assurer la pérennité du parti.

Bien qu'il s'agisse, selon moi, d'un précepte qui doit demeurer, le PLC n'est pas particulièrement «idéologique». Il se voit donc confronté à un défi distinctif qu'est celui de se définir clairement. En d'autres mots, son pragmatisme et sa position «au centre» peuvent le faire paraître flou et sans définition et c'est effectivement ce qui est arrivé.

En réalité, le Parti libéral n'est pas plus près du NPD que du Parti conservateur. À vrai dire, les trois partis sont assez différents l'un de l'autre et le fait de partager certaines valeurs avec chacun des autres partis ne veut pas dire que le Parti libéral sera marginalisé. À mon avis, des forces internes dans chacun des autres partis feront le contrepoids d'une telle tendance, mais l'avenir le dira.

Examinons le paysage politique tel qu'il existe présentement.

Nous avons le Parti conservateur qui a tendance a prendre des positions idéologiques (par exemple, sur le recensement), qui n'aime pas partager l'information et qui croie que la seule façon de réduire le crime est d'imposer des peines plus sévères. Voici également un parti qui ne gère pas particulièrement bien l'argent des contribuables, ne comprend pas l'importance de la culture et ne se soucie pas plus que ça de l'environnement.

Nous avons également le NPD qui est maintenant l'opposition officielle après un résultat impressionnant aux dernières élections. Le NPD a certainement le droit de dire qu'il a gagné la confiance des Québécois, mais il faut avouer en même temps que c'est exactement le même parti que l'an dernier. Le NPD est en faveur de plus de gouvernement, mais il n'a pas jusqu'à présent démontré sa compétence fiscale. Sa plateforme électorale irréaliste en est un bon exemple. Ce qui est plus, le NPD a tendance à vouloir s'ingérer dans les marchés et affiche un protectionnisme qui lui fait rejeter tous les accords de libre-échange proposés par le Canada. Il se méfie également des rôles (autre qu'humanitaire) que le Canada pourrait assumer sur la scène internationale. Finalement, le NPD critique constamment notre voisin, les États-Unis.

Ce qui m'amène au Parti libéral et son double défi: la crédibilité et la pertinence.

La pertinence, c'est comprendre les besoins réels des Canadiens, que ce soit l'accès aux soins de santé, les emplois, la retraite, l'environnement et ainsi de suite.

La crédibilité, c'est démontrer que nos idées sont claires et qu'on a le courage de les défendre. Sans crédibilité, la pertinence ne vaut rien. C'est donc sur le plan de la crédibilité que nous devons miser en premier. Ça continue avec une performance solide de la part non seulement du chef, mais de tous les membres du parti. Cela exige un parti uni et discipliné, et beaucoup de patience et d'humilité, deux vertus dont les libéraux auront amplement besoin dans les années à venir.

Maintenant que nous sommes devenus la deuxième opposition, nous devons assumer ce nouveau rôle intelligemment. Cela veut dire non seulement opposer quand c'est justifié, mais aussi d'être respectueux et de reconnaître quand le gouvernement fait la bonne chose. Cela démontre un parti confiant et crédible et c'est à ce moment-là que les électeurs examinent de plus près la pertinence d'un parti.

L'arrivée de Bob Rae au poste de chef intérimaire est un premier pas important dans la reconstruction de notre parti. Certes, le défi devant nous est énorme, mais il n'est pas insurmontable.

Crédibilité et pertinence: voilà les défis du Parti libéral. Le travail vient de commencer.