Il y a quelques jours, en grande pompe, vous nous avez dévoilé votre fameux Plan Nord, un plan de relance économique qui devrait remettre le Québec sur la «map». Dans votre discours, il y avait beaucoup de chiffres, beaucoup de dollars, beaucoup de belles idées et, j'ose croire, beaucoup de belles intentions.

Il y a quelques jours, en grande pompe, vous nous avez dévoilé votre fameux Plan Nord, un plan de relance économique qui devrait remettre le Québec sur la «map». Dans votre discours, il y avait beaucoup de chiffres, beaucoup de dollars, beaucoup de belles idées et, j'ose croire, beaucoup de belles intentions.

J'ai essayé de consulter le document sur le site web du Plan Nord pour en connaître davantage. Parce que le plan sur lequel vous travaillez, c'est dans mon Nord que vous le mettrez en place, mais surtout dans le Nord de mes élèves.

J'enseigne au Nunavik depuis trois ans. Tous mes collègues vous le diront: enseigner ici n'a rien à voir avec l'enseignement au «sud». Ici, on est trempé dans le milieu jusqu'aux oreilles, on connaît ses élèves sous toutes leurs coutures. On est témoin de beaucoup de choses.

Je ne doute pas de vos intentions. Je suis même très contente de voir que vous allez finalement bâtir des maisons. Par contre, j'aimerais savoir ce que votre Plan Nord prévoit pour ces trois adolescentes de Kuujjuaq qui, il y a déjà quelques semaines, ont fait un pacte de suicide? Qu'allez-vous faire pour vous assurer que les deux adolescentes encore vivantes aujourd'hui ne rejoignent pas la troisième?

J'aimerais savoir ce que votre plan prévoit pour mes élèves de 14 ans qui sont mères?

J'aimerais savoir ce qu'il dit, votre plan, au sujet de la petite princesse de quelques mois que j'ai croisée à l'hôpital l'autre jour, qui allait se faire placer en famille d'accueil parce que son père s'était servi d'elle pour se masturber?

Dans votre plan, que retrouve-t-on pour aider mes voisines qui portent plainte aux autorités au moment où leur mari ivre leur défoncent les côtes et qui se rétractent deux jours plus tard, sous la menace des familles plus influentes?

Je cherche et je ne trouve pas, dans votre plan, quelque chose pour aider ces trois jeunes filles, âgées entre 3 et 10 ans qui ont été retirées de leur famille parce qu'elles venaient de recevoir, pour une troisième fois, un diagnostic de chlamydia. La plus vieille s'automutile tellement violemment que son enseignant a dû lui-même l'amener à la clinique.

C'est bien beau, votre plan. Mais dans tous ces milliards qui serviront à exploiter terres, eaux et peuples, il n'y en a pas quelques-uns à investir dans les êtres humains?