L'an dernier, 57 600 Québécois ont perdu la vie. Parmi eux, on retrouve Sandra De La Garza Aguilar, Christine Deschamps et Lyn Duhamel, mortes le 14 mai 2010, il y a maintenant un an.

L'an dernier, 57 600 Québécois ont perdu la vie. Parmi eux, on retrouve Sandra De La Garza Aguilar, Christine Deschamps et Lyn Duhamel, mortes le 14 mai 2010, il y a maintenant un an.

Il a été énormément question de leur décès dans les médias. Pourquoi? Parce qu'elles ont été happées mortellement alors qu'elles circulaient à vélo, avec des amis, sur la route 112, à Rougemont, en Montérégie.

Ces décès ont touché l'ensemble des Québécois. Comme si, soudainement, il y avait eu une prise de conscience collective à propos de ce qu'est une route: un endroit public qui doit être partagé à la fois par les automobilistes, les camionneurs, les cyclistes, les motocyclistes et les piétons, qui ont à la fois des droits et des responsabilités.

Nous, les Québécois, sommes encadrés par une foule de lois et règlements, dans toutes les facettes de nos vies. Ça peut être parfois contraignant. Mais tout cela vise à offrir des normes de civisme à la vaste majorité, et des recours légaux aux autorités pour punir les «exceptions» qui causent des torts énormes et souvent irréversibles.

C'est dans cet esprit que je vous demande, M. Charest, que les lois en matière de transport favorisent un partage plus équitable et plus sécuritaire des routes du Québec.

Nous vivons dans une société motorisée. L'omniprésence et l'omnipuissance des vroum vroum font parfois oublier l'essentiel: les routes ont été créées pour favoriser le déplacement des personnes, pas celui des véhicules.

À titre de piéton et cycliste qui sent sa vie parfois menacée sur les routes du Grand Montréal et ailleurs au Québec, je crois que notre gouvernement aurait tout intérêt à créer un contexte plus équitable, plus sécuritaire et plus accueillant.

Pourquoi?

• Le coût d'entretien de nos routes (quand elles sont entretenues...) est défrayé par des contribuables et d'impôts qui les utilisent beaucoup, à pied et à vélo.

• Les cyclistes de tous les âges sont de plus en plus nombreux à les utiliser, tant pour réduire leurs temps de déplacements et la pollution, que pour une question de plaisir et de détente.

• Bien trop souvent, les enfants reçoivent leur premier vélo en cadeau et hop ! on les met dessus avec les petites roues derrière, sans qu'ils prennent conscience de leurs droits et, surtout, de leurs responsabilités.

La tendance vers une société de plus en plus à vélo est irréversible, ce qui devrait réjouir nos administrations publiques, qui l'ont souhaité. Il faut maintenant passer à l'étape suivante : informer et faire une promotion multipublique des droits et responsabilités de chacun.

Le gouvernement du Québec pourrait s'inspirer de ce qui se fait de mieux, ailleurs, afin que l'usage des routes soit mieux partagé... et compris. L'exemple de la Floride est à considérer sérieusement.

Dans cet État que beaucoup de Québécois connaissent bien, le vélo est considéré, d'un point de vue légal, comme un véhicule. Sur les routes, les cyclistes ont les mêmes droits que les conducteurs de véhicules motorisés, mais ils doivent obéir aux mêmes règlements de circulation. Entre autres: s'immobiliser aux arrêts et aux feux de circulation, rouler selon la circulation et utiliser des feux de position à la noirceur. Rien de plus normal !

Sur les routes de la Floride, les cyclistes et les utilisateurs de véhicules motorisés doivent se traiter les uns et les autres avec respect, en toute sécurité; c'est la base même des lois et règlements en vigueur.

Récemment, j'ai roulé plus de 700 km sur des routes très variées de la Floride et on ne m'a klaxonné qu'une seule fois. Je m'y suis senti très bien, en sécurité et respecté. Pourtant, il y a à peine une décennie, les relations y étaient très tendues entre les cyclistes et les conducteurs de véhicules motorisés.

Si la situation s'est grandement améliorée en Floride, pourrait-il en être de même au Québec? Moi, je suis convaincu que oui. Et le Québec pourrait se positionner une fois de plus, dans ce domaine très populaire, comme un leader nord-américain.