M. Pratte, je m'insurge - et le mot n'est pas trop fort - contre votre description simpliste («L'erreur des électeurs?») et réductrice du travail que se doit d'accomplir tout député digne du poste: «La plupart des électeurs ne croisent leur député qu'une fois tous les quatre ans, lors des campagnes électorales. Le reste du temps, il se fait prendre en photo chaque semaine par le journal local, prononce au parlement des discours écrits par d'autres et vote selon le mot d'ordre donné par le chef. Bref, aux yeux de beaucoup de citoyens, ça ne prend pas la tête à Papineau; un candidat ou un autre, c'est du pareil au même.»

M. Pratte, je m'insurge - et le mot n'est pas trop fort - contre votre description simpliste («L'erreur des électeurs?») et réductrice du travail que se doit d'accomplir tout député digne du poste: «La plupart des électeurs ne croisent leur député qu'une fois tous les quatre ans, lors des campagnes électorales. Le reste du temps, il se fait prendre en photo chaque semaine par le journal local, prononce au parlement des discours écrits par d'autres et vote selon le mot d'ordre donné par le chef. Bref, aux yeux de beaucoup de citoyens, ça ne prend pas la tête à Papineau; un candidat ou un autre, c'est du pareil au même.»

Pardonnez-moi, M. Pratte, mais combien de jours avez-vous passé à suivre un député? Avez-vous la moindre idée de ce que cela signifie de représenter des concitoyens?

J'ai eu le bonheur de l'exercer, ce métier, pendant deux ans et demi. Dieu sait combien j'aurais été heureuse de pouvoir poursuivre l'oeuvre amorcée. Mais je peux vous assurer que bien au-delà de me satisfaire d'une photo hebdomadaire dans le journal local, j'ai mis mon coeur et mes «tripes» dans ce travail débordant de défis.

Députée d'un parti de l'opposition, j'ai quand même réussi, en ces 30 mois, à obtenir des services de passeport sur la Rive-Sud, après une campagne assidue et sans relâche auprès du ministre Lawrence Cannon.

Par ailleurs, au-delà de cette réalisation très médiatisée localement, mon équipe et moi avons rédigé des milliers de lettres en réponse aux questions des citoyens, j'ai rencontré des centaines de personnes qui cherchaient mon aide auprès du gouvernement fédéral, j'ai rédigé des dizaines de discours.

Nous avons réglé un nombre incalculable de dossiers privés de compétence fédérale (immigration, citoyenneté, assurance emploi, pensions, anciens combattants et j'en passe), nous avons animé une vie communautaire très fédéraliste par le biais d'activités résolument centrées sur les mérites de notre fédération (trop bien, il faut croire, si je me fie à la descente aux enfers du Bloc québécois dans le comté, qui a si bien profité au NPD!), nous avons été présents partout où notre soutien a été réclamé...

Pendant ces deux ans et demi, je suis peut-être parvenue à dédier une dizaine de week-ends à ma famille ; les autres 100 et quelque ont été exclusivement voués aux activités de mes concitoyens. J'ai déposé deux projets de loi privés, j'ai été une membre constante et engagée des comités auxquels mon chef m'avait nommée, j'ai toujours voté selon ma conscience ou les voeux de mes concitoyens.

Ce que je viens de vous décrire s'applique à moi comme à la grande majorité de mes collègues libéraux et plusieurs de ceux du Bloc. Cela prend beaucoup plus qu'une photo sur une pancarte pour comprendre le moindrement en quoi consiste le travail d'un député.

J'espère que les électeurs comprendront au fil des prochains mois que la personne dont la photo apparaît sur les affiches doit être beaucoup plus qu'un poteau.

* L'auteure a été députée fédérale de Brossard-La Prairie, sous la bannière du Parti libéral. Le 2 mai, elle a subi la défaite aux mains du néo-démocrate Hoang Mai.

* * *

Une caricature de trop

Mme Mendès a raison, cette description du travail des députés fédéraux était caricaturale. Je m'en excuse auprès des principaux intéressés.

André Pratte, éditorialiste en chef