Dans sa chronique, Michel Girard («Sabia arrive, BCE sort de la Caisse») a remis en question l'intégrité du processus de sélection de titres à la Caisse de dépôt et son engagement envers le développement économique du Québec. Il se trompe catégoriquement dans les deux cas.

Dans sa chronique, Michel Girard («Sabia arrive, BCE sort de la Caisse») a remis en question l'intégrité du processus de sélection de titres à la Caisse de dépôt et son engagement envers le développement économique du Québec. Il se trompe catégoriquement dans les deux cas.

Toutes nos décisions d'investissement se font en fonction de deux critères fondamentaux: le meilleur intérêt de nos déposants et celui du Québec. De plus, elles impliquent la participation d'analystes financiers et de gestionnaires spécialisés dans les secteurs visés, lesquels travaillent dans le cadre de nos stratégies globales d'investissement et sont responsables et redevables de leurs décisions.

En alléguer autrement n'est pas juste à l'endroit de la Caisse et n'est pas vrai non plus. Des équipes travaillent d'arrache-pied pour développer des stratégies gagnantes dans leur ensemble et les mettre à exécution en temps réel, dans des marchés turbulents et volatils, et donc très difficiles à prévoir.

M. Girard insinue que les désinvestissements du titre de BCE ont été influencés par l'arrivée du nouveau chef de la direction. Cela est tout à fait faux. Rien de plus facile que de choisir un titre sur les milliers que détient la Caisse et d'essayer a posteriori de tirer des conclusions négatives sur son acquisition ou sa revente. La Caisse a déjà détenu des participations très élevées dans BCE inc., participations qui ont été ramenées à zéro et rebâties plus d'une fois par le passé. Rien de nouveau à cela. C'est aussi le cas de bien d'autres titres.

Dans une perspective d'investisseur, ne pas détenir d'actions ne signifie pas nécessairement poser un jugement sur la qualité de l'entreprise elle-même. Cela peut faire partie d'une stratégie sectorielle ou reposer sur la probabilité d'une hausse du prix du titre dans les marchés à un moment donné. Cette évaluation d'un titre, aussi imparfaite soit-elle, constitue une partie intrinsèque du métier de nos gestionnaires. En apparence, la décision d'avoir vendu un titre pourrait avoir été mauvaise pour une période quelconque. Mais que dire du rendement que la Caisse a obtenu en investissant dans d'autres titres? Qui vous dit que les sommes libérées n'ont pas été investies dans des sociétés québécoises?

Enfin, une comparaison entre les investissements de la Caisse au Québec entre 2007 et 2010 n'est pas nécessairement concluante étant donné la crise financière qui a sévi entretemps. De toute manière, ce qui compte en premier lieu est l'engagement de la Caisse à faire du développement économique du Québec un des piliers de sa stratégie pour l'avenir, ce qui s'est reflété par l'augmentation des actifs au Québec de 3 milliards de dollars en 2010 par rapport à 2009, y compris une hausse de 1,8 milliard des actifs dans le secteur privé. Voilà la preuve que le Québec n'est pas laissé pour compte.

* L'auteur est premier vice-président, Affaires publiques, de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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La réponse de Michel Girard: liquidation au rabais

Les faits. Un, la liquidation massive des 7,4 millions d'actions de BCE a bel et bien coïncidé avec l'arrivée de l'ancien PDG de BCE, Michael Sabia, à la tête de la Caisse de dépôt. «Pure coïncidence» ou pas, c'est un fait. Deux, il s'agit d'une liquidation au rabais par rapport au cours actuel de BCE. Si la Caisse avait conservé ce bloc de BCE, il lui aurait rapporté plus 50% de rendement en deux ans. Trois, pour nous prouver son engagement à faire du développement économique du Québec un des piliers de sa stratégie pour l'avenir, la Caisse nous dit que cela s'est reflété par l'augmentation des actifs au Québec de 3 milliards en 2010. De 33,5 milliards en 2009, l'actif québécois grimpait à 36,5 milliards à la fin décembre 2010. Cette augmentation représente une hausse 8,95%. C'est nettement inférieur à l'augmentation totale de l'actif de la Caisse qui atteint 15,3%.

Michel Girard