Les élections d'hier auront changé beaucoup de choses. Mais au-delà des chiffres, quelle signification doit-on donner à la performance historique du NPD? Voici quelques éléments de réflexion.

Les élections d'hier auront changé beaucoup de choses. Mais au-delà des chiffres, quelle signification doit-on donner à la performance historique du NPD? Voici quelques éléments de réflexion.

Les Québécois ont décidé en nombre record qu'ils ne croyaient plus au mythe selon lequel ils n'avaient aucun choix; que seuls les libéraux pouvaient offrir une alternative gouvernementale aux conservateurs ou que seul le Bloc québécois pouvait défendre adéquatement les intérêts du Québec. Il y a longtemps qu'au Québec, on n'avait pas senti qu'on pouvait voter «pour» quelque chose plutôt que de se croire limités à s'opposer à un parti ou à une idée.

La campagne positive du NPD a implicitement souligné que la colère, la frustration ou le dépit ne sont pas des projets de société. Or, la population québécoise veut regarder vers l'avant, elle veut construire son avenir dès maintenant plutôt que de devoir attendre le «Grand Jour». Après tout, pourquoi devrions-nous attendre plus longtemps pour mettre en place les politiques dont nous avons besoin dès maintenant?

L'enthousiasme que l'on a pu ressentir pendant cette campagne électorale exprimait un désir sincère de sortir des vieux cadres de pensée qui prétendent que rien n'est possible dans le régime fédéral actuel. L'imagination, la créativité et le pragmatisme sont rappelés au travail.

La popularité du NPD au Québec lors de cette dernière campagne n'est pas étrangère au fait que les valeurs qu'il défend depuis des décennies sont en harmonie avec les aspirations d'un très grand nombre de Québécois.

Pour la première fois, ce message n'a pas été systématiquement noyé dans le mythe que le NPD est centralisateur à l'égard du Québec. La politique de fédéralisme asymétrique du NPD permet d'assurer le respect de l'autonomie de l'État québécois.

Il n'en demeure pas moins qu'une véritable coopération entre les forces progressistes québécoises et celles du reste du Canada permettra de mieux concrétiser nos valeurs communes de solidarité, et ce, selon les modes les plus adaptés au respect de l'identité nationale québécoise et canadienne.

À l'arrogance d'un Michael Ignatieff qui affirmait durant la campagne qu'il était le seul capable de déloger Stephen Harper, s'est opposée la force tranquille mais déterminée du NPD et de Jack Layton. Cette différence d'attitude se reflète dans la façon de faire la politique que le NPD prône.

Si Jack Layton paraît si sympathique aux yeux de plusieurs, c'est notamment parce qu'il ne voit pas la politique comme un combat «contre» des ennemis, mais plutôt comme étant un devoir de travailler en collaboration pour trouver les meilleures solutions à nos problèmes.

L'attitude cultivée chez les membres du NPD en est une d'humilité et lorsque de meilleures solutions seront proposées, il ne faudra pas s'étonner de les voir coopérer en vue de leur adoption et mise en oeuvre. Nous pouvons aussi nous attendre à ce que la députation du NPD contribue activement à rétablir un climat de respect nécessaire au bon fonctionnement de nos institutions démocratiques.

La politique fédérale vient de changer au Québec. Ce n'est pas qu'une affaire de partis. C'est aussi beaucoup une affaire d'attitudes.