La mort d'Oussama ben Laden permet, peut-être pour la première fois, de prendre la pleine mesure du genre de président qu'est Barack Obama en matière de politique étrangère. Alors que l'intervention en Libye survenait au terme d'une crise imprévisible, le cas de la mission menant à la mort du chef terroriste est probablement plus révélateur des objectifs d'Obama et de la qualité de son leadership.

La mort d'Oussama ben Laden permet, peut-être pour la première fois, de prendre la pleine mesure du genre de président qu'est Barack Obama en matière de politique étrangère. Alors que l'intervention en Libye survenait au terme d'une crise imprévisible, le cas de la mission menant à la mort du chef terroriste est probablement plus révélateur des objectifs d'Obama et de la qualité de son leadership.

D'abord, les nominations récentes de Leon Panetta à la tête du département de la Défense et de David Petraeus à la CIA laissaient déjà entrevoir son intention de combattre le terrorisme de manière vigoureuse, à l'aide de personnes expérimentées et bien au fait de la géopolitique moyen-orientale.

C'était également là une façon de rétablir le lien de confiance entre la Maison-Blanche et les services de renseignement, dont les différentes composantes ont aujourd'hui retrouvé un certain prestige.

Par ailleurs, la mort de ben Laden, fruit d'un processus décisionnel lent mais organisé, a tôt fait de transformer les défauts d'Obama en qualités: souvent perçu comme un intellectuel, un cérébral qui tergiverse par manque de sens pratique, il pourra désormais se présenter comme un commandant en chef plus pragmatique, capable d'attendre son heure pour des résultats optimums.

L'effet de cet événement sur la politique américaine se fait également sentir, dans l'immédiat, sur le bourbier qu'est devenu l'Afghanistan. Le président Obama, qui avait réussi à régler le sort de la guerre en Irak assez rapidement après son arrivée à Washington, a aussitôt commis l'erreur de la remplacer par la guerre en Afghanistan: ce faisant, elle devenait ainsi une autre guerre coûteuse, compliquée, impopulaire et imprévisible, sans échéancier précis pour y mettre fin. Dès lors, l'exécution de ben Laden pourrait atténuer cette erreur en justifiant les sacrifices consentis par la population américaine.

De plus, il est difficile de passer sous silence les conséquences positives qu'aura la mort de ben Laden sur l'image de Barack Obama. D'une part, il s'agit d'un symbole très fort à la veille du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre qui induira, auprès des Américains, le sentiment que justice a été rendue. C'est d'ailleurs là le message principal du discours prononcé par Obama le 1er mai. Ses détracteurs auront peut-être un peu plus de mal à dépeindre le président comme un faible sur les questions de sécurité.

Finalement, le grand secret entourant cette mission - lancée depuis plus d'un an - envoie un message important à ceux qui croient, comme WikiLeaks, ébranler ou forcer l'administration à se conformer à certaines règles de transparence: les opérations militaires ou politiques importantes peuvent et doivent être menées à l'abri des regards. Peut-être ce coup d'éclat mettra un frein aux douloureuses comparaisons entre Barack Obama et Jimmy Carter.