J'enseigne à de jeunes adolescents québécois, à peine sortis de l'enfance. Étant chargé du cours en «éthique et culture religieuse», j'ai l'occasion chaque année de vérifier leur allégeance, leur foi ou leur incroyance. Comme pour la moyenne majoritaire vérifiée au Québec, 90% d'entre eux n'ont aucune pratique religieuse. Pourtant, combien il est gênant de constater dans leur langage l'omniprésence des fameux sacres devenus ici véritable patois!

J'enseigne à de jeunes adolescents québécois, à peine sortis de l'enfance. Étant chargé du cours en «éthique et culture religieuse», j'ai l'occasion chaque année de vérifier leur allégeance, leur foi ou leur incroyance. Comme pour la moyenne majoritaire vérifiée au Québec, 90% d'entre eux n'ont aucune pratique religieuse. Pourtant, combien il est gênant de constater dans leur langage l'omniprésence des fameux sacres devenus ici véritable patois!

Ils n'ont pas appris cela tout seuls, évidemment... Chaque jour, leur entourage adulte mâchouille un français assaisonné de ces mots forts, comme si la puissance déjà si évidente de notre langue éprouvait le besoin d'un tel ressort.

Entendus de la bouche de leurs parents, de leurs enseignants, des vedettes du petit et du grand écran, ces mots dont ils ne saisissent pas la signification, sont détournés pour humilier ou menacer, pour appuyer haine et rage ou soutenir, dans le propos, l'orgueil et la prétention. Cependant, ce qui trouble et fait honte, dans l'héritage ainsi légué aux enfants de la nouvelle génération, c'est qu'ils n'ont absolument ni lien d'offense ni relation trouble à expurger, avec cette religion qu'ils continuent de blasphémer.

Chaque année, devant mes élèves ébahis auxquels j'explique le sens et la teneur des «sacres», je recueille les mêmes commentaires amusés et surpris: «Quoi? C'est ce que ça veut dire?! Mais c'est don' ben pas rapport? Pourquoi on fait ça à cette religion?» Pourtant, ils ont beau savoir que ces mots soient inadéquats, cela ne leur enlève pas l'habitude, tant les Québécois autour d'eux les surexploitent, comme s'il s'agissait de signes de ponctuation.

Parlant de signes, justement, en cette semaine de la Pâques chrétienne, je vous demande à votre tour d'entendre le message de ces mots: «Christ» est mon Dieu et mon Sauveur. Savez-vous qui il est et ce qu'il a fait pour vous? Le «tabernacle» désigne sa maison. Avez-vous déjà goûté à son accueil si gracieux? Et le «calice», c'est d'abord celui dans lequel Jésus a porté ses lèvres pour annoncer l'acceptation de sa mort. Oserez-vous y boire après lui, mais pour en accepter sa vie? Quant à «l'hostie», image de son corps brisé et donné, saurez-vous un jour y communier sincèrement pour intégrer à pleine foi son pardon et son éternité?

Effectivement, vous le voyez, ces mots sacrés sont forts dans le langage, d'autant qu'ils sont remis dans leur véritable environnement. Ils sont joyaux de l'Église. Ils sont richesse de la langue chrétienne. C'est donc au privilège des croyants de les nommer, parce qu'ils en pèsent la lourdeur du sens. C'est aux chrétiens que revient le devoir de les porter, dans un témoignage évangélique à reprendre, ici au Québec, à l'aube de ce XXIe siècle. Je suis un chrétien engagé, attaché au caractère et à l'histoire unique de ma foi. Ici comme ailleurs en Occident, elle a fondé des bases fortes et stables à la morale, en plus de donner à cette nation l'assise de ses principales institutions.

Malheureusement, dans le Québec moderne où, dans la vie publique et professionnelle, j'ai le sentiment de devoir me confesser d'être chrétien, il me faut de surcroit encaisser journellement l'injure innocente faite à ces mots si précieux qui appartiennent à mon Église. Respectueusement enfin, ne voudriez-vous pas dans votre langage, «sacrer patience» à ma foi?