L'éditorial de François Cardinal («Rentre dans le rang») m'a immédiatement interpellée, moi qui travaille chaque jour avec des familles touchées par le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Car si je déplore, tout comme M. Cardinal, les diagnostics injustifiés et trop rapides de ce trouble chez les enfants, il m'apparaît nécessaire de rappeler à quel point les gens qui en souffrent réellement sont stigmatisés et peinent à obtenir l'aide nécessaire.

L'éditorial de François Cardinal («Rentre dans le rang») m'a immédiatement interpellée, moi qui travaille chaque jour avec des familles touchées par le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Car si je déplore, tout comme M. Cardinal, les diagnostics injustifiés et trop rapides de ce trouble chez les enfants, il m'apparaît nécessaire de rappeler à quel point les gens qui en souffrent réellement sont stigmatisés et peinent à obtenir l'aide nécessaire.

Encore aujourd'hui, des milliers de Québécois sont touchés de près ou de loin par un TDAH. Le statut de cette maladie n'étant pas reconnu, les ressources requises pour soutenir ceux qui en sont atteints font cruellement défaut.

Étant moi-même mère de quatre enfants, dont deux atteints du TDAH, je m'assure de souligner aux gens qu'il faut faire la différence entre le besoin d'attention et le déficit d'attention. Or, je considère qu'une fois le diagnostic de TDAH adéquatement établi, il nous faut à tout prix, comme société, mettre en place les mesures qui nous permettront de mieux gérer cette condition.

Combien de fois a-t-on jugé un enfant turbulent, agressif, anxieux et présentant des troubles d'apprentissage en associant son comportement à une mauvaise éducation, à une perte de contrôle de ses parents?

Pourquoi refuse-t-on de reconnaître qu'un enfant qui a reçu un diagnostic de TDAH a besoin d'être encadré différemment, d'obtenir un soutien particulier pour développer les réflexes qui lui permettront de réussir ses études et de s'intégrer à la société? Et ce, alors même qu'une étude du CADDAC (Centre for ADD/ADHD Advocacy, Canada) révélait récemment que trois provinces canadiennes, dont le Québec, négligeaient leurs élèves atteints d'un TDAH, en qualifiant «d'échec» les systèmes en place.

Je peux en témoigner : les traitements et l'encadrement adéquats peuvent faire la différence. Et bien qu'il existe aujourd'hui différentes solutions pour aider ceux qui sont atteints d'un TDAH, plusieurs familles n'y ont même pas accès, faute d'argent et de ressources.

Le sachant, il nous faut éviter de banaliser ce véritable trouble neurologique dont l'impact se fait sentir de la maison à l'école et, souvent, de l'enfance à l'âge adulte. Il faut que, dans un premier temps, le gouvernement du Québec reconnaisse au TDAH le statut de maladie pour offrir, dans un deuxième temps, un système équitable pour tous en matière d'accès aux services et de remboursement des soins.

Le TDAH bouleverse la réalité de nombreuses familles, mais n'obtient malheureusement pas la reconnaissance nécessaire pour éviter la stigmatisation. Il est temps de changer les choses.

* L'auteure est coordonnatrice de PANDA Mauricie/Centre du Québec et administratrice au sein du regroupement des associations PANDA du Québec.