Les gens qui s'attendaient à ce que le débat en anglais soit terne ont été déçus. On a pu y voir des chefs de parti s'exprimant bien présenter des désaccords sérieux au sujet de questions importantes - ainsi que plusieurs attaques personnelles et accusations de mensonge. Les quatre chefs ont tous su livrer leur message principal.

Les gens qui s'attendaient à ce que le débat en anglais soit terne ont été déçus. On a pu y voir des chefs de parti s'exprimant bien présenter des désaccords sérieux au sujet de questions importantes - ainsi que plusieurs attaques personnelles et accusations de mensonge. Les quatre chefs ont tous su livrer leur message principal.

À la sortie du débat, les sondages semblent indiquer que la question autour de laquelle tournera le reste de la campagne sera de savoir s'il faut ou non donner la majorité des sièges à Stephen Harper. Cette question a été soulevée maintes fois par les chefs. M. Harper a demandé encore et encore aux Canadiens de lui accorder la majorité afin qu'il puisse mettre fin au cycle d'élections et de chicanes et assurer la stabilité économique du pays. Michael Ignatieff a répliqué en affirmant qu'il ne fallait pas offrir une majorité à M. Harper ni lui confier les institutions de la démocratie, pour lesquelles il fait preuve de mépris.

Les questions importantes dont le prochain gouvernement aura à s'occuper ont également été abordées dans le débat: les impôts, les dépenses sociales, l'immigration, la justice criminelle. Les partis ont des opinions différentes sur ces sujets, et les quatre chefs ont réussi à les présenter de façon claire et substantielle. Les Canadiens qui s'intéressent aux grandes questions ainsi qu'à l'idéologie et à la vision des partis ont eu droit à des présentations où les contrastes entre les différentes visions apparaissaient clairement.

M. Harper a voulu écarter la question des soins de santé la semaine dernière en promettant de maintenir l'augmentation de 6% des transferts aux provinces dans ce domaine. Jack Layton et les autres chefs se sont bornés à dire qu'il ne fallait pas croire le premier ministre sur ce point.

Le reste de la campagne électorale devrait mettre en lumière le grand contraste qui existe entre Stephen Harper et les trois autres chefs de parti. M. Harper est de loin le premier ministre le plus conservateur à diriger le Canada depuis plusieurs générations. La majorité des sièges lui permettrait de mener sa vision du pays avec plus de détermination, une vision qui s'oppose à celle de bon nombre de Canadiens de centre gauche.

Un gouvernement majoritaire dirigé par M. Harper continuerait à redéfinir la couleur du Canada avec un gouvernement plus individualiste, plus petit, plus conservateur sur le plan social. C'est une vision beaucoup plus américaine qu'européenne. Des questions importantes pour tous les Canadiens sont en jeu ici.

Au Québec, on entend souvent dire que le pouvoir détenu par la province au sein du Canada a décliné et qu'un parti peut maintenant former un gouvernement majoritaire sans obtenir le soutien de la province. La campagne électorale actuelle démontre pourtant l'importance du Québec. Les Québécois détiennent encore un grand pouvoir et ce sont eux qui vont déterminer si les conservateurs vont former ou non un gouvernement majoritaire. Comment réagissent les Québécois devant cette perspective? Ils devraient faire preuve de sagesse au moment d'exercer leur pouvoir.

* L'auteur a été sous-ministre des Affaires intergouvernementales au gouvernement de l'Ontario de 2005 à 2009.