Depuis quelques semaines, de nombreuses questions se posent quant à ce qui devrait être fait avec le pont Champlain. Des études sérieuses nous indiquent que cet ouvrage, qui a vieilli prématurément, serait aujourd'hui irrémédiablement en fin de vie utile.

Depuis quelques semaines, de nombreuses questions se posent quant à ce qui devrait être fait avec le pont Champlain. Des études sérieuses nous indiquent que cet ouvrage, qui a vieilli prématurément, serait aujourd'hui irrémédiablement en fin de vie utile.

La situation exige des solutions qui devront être adoptées avec le plus grand soin, compte tenu des conséquences majeures que cela pourrait avoir sur la vitalité économique de la métropole et sur la qualité de vie et la sécurité de ses citoyens.

Divers facteurs influent sur la circulation des véhicules sur un pont. On réfère souvent à l'impact que peuvent avoir les transports en commun à cet égard. En plus de ces effets, les analyses devront aussi tenir compte de l'incidence sur le trafic qu'auront les installations routières en cours de construction, particulièrement celles sur la Rive-Sud.

En mai, la prolongation de l'autoroute 25 jusqu'à l'autoroute 440 sera complétée et accaparera probablement une partie du trafic commercial à destination des Laurentides et de Lanaudière qui, jusqu'à présent, transitait par le pont Champlain. Il faut également tenir compte de l'autoroute 30 dont le parachèvement, prévu pour la fin de 2012, dotera la région métropolitaine d'une importante voie de contournement qui devrait contribuer à désengorger le réseau autoroutier de la métropole, particulièrement le trafic commercial empruntant le pont Champlain.

Il y a aussi les nouvelles réalités de la Rive-Nord et de la Rive-Sud qui connaissent actuellement une croissance démographique et économique plus rapide que Montréal et où de plus en plus de résidants des banlieues travaillent, ce qui devrait atténuer le rythme de croissance de la circulation empruntant le pont Champlain.

Les questions qui touchent au financement, à la construction et à l'exploitation d'un tel ouvrage devront aussi être examinées avant de déterminer ce que l'on entend faire avec le pont Champlain.

La façon d'aborder de tels projets est actuellement bien documentée en Amérique du Nord. La majeure partie des projets en cours de construction tiennent compte de toute une série de facteurs qui permettent d'éviter des situations similaires à celles vécues avec le pont Champlain: des contrats orientés sur les résultats, qui intègrent les diverses fonctionnalités requises; une évaluation des coûts sur la durée de vie de l'ouvrage, et non plus seulement sur la construction; l'examen des nombreux aspects financiers, dont la détermination du coût en capital; et le partage des risques entre l'entrepreneur-exploitant et le promoteur de l'ouvrage.

Il faudra également se pencher sur la réintroduction du péage sur ce pont, car le péage est bien plus qu'une source de financement, il s'agit en fait d'un instrument privilégié pour favoriser les transports en commun et l'usage des ponts en dehors des pointes de circulation. Cette mesure est aujourd'hui beaucoup mieux comprise. Les sondages indiquent que 78% des Québécois sont favorables aux péages électroniques, si les sommes recueillies retournent à la réfection des infrastructures où le droit de passage a été perçu.

À la lumière de l'expérience acquise en Amérique du Nord pour des ouvrages semblables, il semble que le mode d'aménagement en PPP soit celui qui pourrait être le plus performant. Cette avenue se traduit souvent par une conception originale et une durabilité à plus long terme. L'expérience récente avec le pont de l'autoroute 25 nous en offre un bon exemple.

L'état actuel du pont Champlain nous montre clairement que les choix qui ont été faits il y a plus de 50 ans n'étaient pas les bons. Il n'est pas question ici de reproches aux décisions prises à une autre époque, mais plutôt d'en tirer les leçons. Le pont Champlain est un ouvrage structurant de très grande importance pour notre métropole. Il importe que les aménagements qui y seront apportés constituent un outil de création de richesse durable pour le bien collectif.