Les électeurs québécois doivent répondre à cette question importante dans le cadre de la campagne électorale qui commence aujourd'hui: s'ils élisent Stephen Jekyll Harper sont-ils prêts à vivre avec Stephen Hyde Harper?

Les électeurs québécois doivent répondre à cette question importante dans le cadre de la campagne électorale qui commence aujourd'hui: s'ils élisent Stephen Jekyll Harper sont-ils prêts à vivre avec Stephen Hyde Harper?

Il y a de bonnes raisons, même pour ceux qui ne votent pas habituellement pour les conservateurs, d'envisager sérieusement de réélire le gouvernement Harper. Les conservateurs ont bien administré l'économie durant les cinq ans et demi qui viennent de passer. Ottawa a enregistré des surplus année après année et remboursé une partie de la dette nationale avant que le Canada ne plonge en récession.

Quand la récession a frappé, la performance du gouvernement a été impressionnante. Premièrement, le plan de relance de l'économie a permis de préserver des emplois tout en s'attaquant à d'importants besoins en matière d'infrastructures, et ce, avec peu de pertes ou de signes de copinage. Deuxièmement, M. Harper a manoeuvré habilement avec ses homologues des États-Unis et de l'Ontario pour permettre le sauvetage de GM et de Chrysler, empêchant ainsi un véritable effondrement de l'industrie automobile.

Pas un seul pays du G-8 ne peut se vanter d'égaler cette performance. Bien sûr, les gouvernements libéraux qui ont précédé celui-ci avaient préparé le terrain, mais les conservateurs ont bien travaillé quand tout s'est mis à mal aller.

Voilà pour le côté Jekyll de Stephen Harper. Parlons maintenant de son côté Hyde, le politicien impitoyable. Que ce soit pour avoir interprété très librement la loi électorale, diabolisé leurs adversaires politiques par des attaques publicitaires vicieuses ou s'être moqués des précédents parlementaires en renvoyant des ministres qui n'avaient rien à se reprocher (Helena Guergis) et en en protégeant d'autres qui avaient indéniablement mal agi (Bev Oda), on peut dire des conservateurs qu'ils ne se gênent pas pour donner des coups sous la ceinture. Cette partisanerie belliqueuse est le reflet d'une dualité embarrassante, le côté Jekyll et Hyde, qui afflige à la fois le parti et le premier ministre.

Les conservateurs ont rebâti la force militaire du pays, mis l'accent sur la souveraineté de l'Arctique, réformé la loi sur les réfugiés sans pour autant diminuer l'immigration, et bien plus encore. Mais il y a aussi l'affaire du recensement. Ou la prorogation de 2010, dont on aurait pu se passer. Ou encore, les interventions dans l'administration et les mandats d'agences qui n'avaient rien fait de mal.

Malgré tout cela, selon les sondages, les conservateurs sont en avance sur tous les autres partis, et le premier ministre est bien plus populaire que le chef libéral Michael Ignatieff. Ainsi, en ce début de campagne électorale, environ quatre Canadiens sur 10 se déclarent prêts à vivre avec le côté Hyde pour pouvoir profiter du côté Jekyll. Et vous?