Ce mois-ci, l'adoption par l'Assemblée nationale populaire chinoise du plan de développement de l'économie pour 2011-2015 a été aussi l'occasion pour les autorités de faire le bilan du plan quinquennal précédent. La croissance économique de 2006 à 2010 (+11,2% par an) a été beaucoup plus rapide que prévu (7,5%), mais les objectifs en matière d'économie d'énergie, de R&D, de développement des services, n'ont pas été atteints.  

Ce mois-ci, l'adoption par l'Assemblée nationale populaire chinoise du plan de développement de l'économie pour 2011-2015 a été aussi l'occasion pour les autorités de faire le bilan du plan quinquennal précédent. La croissance économique de 2006 à 2010 (+11,2% par an) a été beaucoup plus rapide que prévu (7,5%), mais les objectifs en matière d'économie d'énergie, de R&D, de développement des services, n'ont pas été atteints.  

Le bilan d'ensemble révèle la difficulté de faire prévaloir la qualité de la croissance sur les records quantitatifs. Le constat que faisait en 2007 le premier ministre Wen Jiabao, selon lequel la croissance chinoise était «déséquilibrée, désordonnées et insoutenable», est toujours d'actualité.

En effet, malgré la crise mondiale, l'économie chinoise a poursuivi sur sa trajectoire, grâce à un programme de relance qui a entraîné une extraordinaire poussée des investissements publics et accéléré l'expansion des secteurs gros consommateurs d'énergie et de matières premières.  

L'année dernière, la Chine a accédé au rang de deuxième économie du monde, avec un produit intérieur brut qui a dépassé celui du Japon.  Plus encore, elle a ravi aux États-Unis la place de premier producteur de biens industriels qu'ils détenaient depuis plus d'un siècle. La Chine fait 19,8% de la production industrielle mondiale (les États-Unis, 19,3%) et exporte un quart de sa production industrielle. Ce record lui vaut d'être aussi le premier consommateur d'énergie et le premier émetteur des gaz à effets de serre.  

Grand importateur de matières premières, la Chine subit de plein fouet les hausses récentes des cours mondiaux au point d'enregistrer un déficit commercial au cours de deux premiers mois de 2011. L'industrie chinoise va être affectée par la catastrophe qui frappe le Japon, son principal fournisseur, qui lui assure 15% de ses importations de biens manufacturés.

Le plan pour 2011-2015 préconise à nouveau une croissance modérée (7% par an) et équilibrée, faisant plus de place à la consommation des ménages, aux services, et favorisant la baisse de l'intensité énergétique. Mais il est difficile de changer un modèle de croissance qui a fait les «trente glorieuses» de l'économie chinoise et a créé de puissants groupes d'intérêts dans l'industrie, l'exportation, l'immobilier.  

En outre, les critères de promotion au sein de l'appareil politique encouragent le culte de la performance quantitative, surtout à la veille des changements dans la direction du parti et de l'État qui auront lieu en 2012.

Il reste que l'explosion de la population active, qui a permis à la Chine de mobiliser des réserves de main-d'oeuvre gigantesques à très bas salaires, touche à sa fin. Après avoir augmenté de 360 millions entre 1980 et 2010, la population en âge de travailler (de 15 à 60 ans) va baisser de 70 millions au cours des trois prochaines décennies.  

Ce retournement démographique favorise l'augmentation des salaires de la masse des travailleurs, l'appréciation de la monnaie chinoise et une croissance plus lente. La Chine n'est encore qu'au tout début de cette nouvelle étape de son développement.