Nous voyons se dérouler au Japon une série d'événements, véritables crises pour les êtres humains affectés par les effets coup sur coup d'un terrible séisme et d'un tsunami subséquent. La région sinistrée comporte aussi des réacteurs nucléaires dont certains sont dans un état d'accident.

Nous voyons se dérouler au Japon une série d'événements, véritables crises pour les êtres humains affectés par les effets coup sur coup d'un terrible séisme et d'un tsunami subséquent. La région sinistrée comporte aussi des réacteurs nucléaires dont certains sont dans un état d'accident.

Sans entrer dans les détails très techniques, le réacteur et ses structures ont bien résisté au séisme. Un système a arrêté la réaction en chaîne, comme prévu. L'alimentation électrique du réseau japonais ayant disparu, il faut alors compter sur des générateurs électriques au diesel pour alimenter les circuits électriques importants, dont ceux des systèmes de refroidissement du réacteur. La chaleur résiduelle produite par la désintégration des produits de fission doit être enlevée. Le tsunami a oblitéré les groupes électrogènes, provoquant une augmentation de la pression et de la température dans le réacteur. Afin d'abaisser celles-ci, l'exploitant a procédé à une décharge filtrée de la vapeur contenue dans la chaudière et dans l'enceinte de confinement.

Très peu de radioactivité a suivi le chemin ainsi ouvert temporairement. Mais l'explosion de l'édifice conventionnel entourant ces réacteurs démontre que le combustible a été endommagé, l'explosion étant très certainement due à l'hydrogène libéré par oxydation de la gaine de combustible devenue trop chaude. L'incendie de l'édifice ne doit en aucun cas être associé à un incendie nucléaire.

Une comparaison avec l'accident de Three Mile Island peut se faire, mais il y a des différences fondamentales. Les opérateurs de Three Mile Island ignoraient la dégradation du coeur, mais ils avaient accès à toutes les fonctions de sûreté. C'est exactement le contraire au Japon : les opérateurs savent que le combustible est endommagé, et n'ont pas accès à toutes les fonctions de sûreté. Une comparaison avec Tchernobyl ne tient pas la route, la réaction en chaîne divergente et super-critique n'est tout simplement pas présente dans le cas des centrales japonaises, et l'incendie qui régnait à Tchernobyl était bel et bien nucléaire.

Ces réacteurs en difficulté provoquent un intérêt médiatique très intense. Une haute technologie en difficulté, la peur des radiations, peut-être une méfiance envers les communications officielles, l'intérêt de plusieurs groupes à répéter leurs messages antinucléaires, tout y passe.

Mais en réalité, on voit bien que les opérateurs font de leur mieux pour garder confinés les produits de fission radioactifs, et que leurs efforts n'auront pas été inutiles. Les mesures de protection à la population environnante (avis d'évacuation, distribution de comprimés d'iode) montrent le sérieux de la situation. Mais rien n'est sorti du circuit primaire, ni de l'enceinte de confinement, sinon les décharges filtrées et contrôlées de vapeur par l'exploitant.

Certes, non seulement les réacteurs en question ne pourront plus être utilisés, mais leur démantèlement éventuel sera très long et très complexe. Les effets de pareilles situations se répercuteront dans l'industrie nucléaire mondiale de deux façons. Il y aura peut-être une pause dans certains projets de construction, mais surtout il y aura une incorporation des leçons apprises de cet accident afin de rendre encore plus sécuritaires les réacteurs existants et à venir.