Depuis que j'ai reçu un appel m'informant du tremblement de terre à Sendai, je dors très peu. J'ai enseigné l'anglais à Natori, la ville abritant l'aéroport de Sendai, pendant deux ans. Je suis revenu au Québec au mois d'août dernier. Mes amis, mes collègues, mes élèves, mes voisins et tous ont eu à vivre cette tragédie. J'ai des nouvelles de la plupart de mes amis, de certains de mes collègues, mais de peu de mes élèves et mon sommeil est interrompu par des visions d'horreur. Toutes les images à la télé me serrent le coeur un peu plus. Le gymnase de l'école secondaire où j'enseignais sert à entreposer les corps. Il y en avait plus de 400 au moment où j'écrivais ces lignes.

Depuis que j'ai reçu un appel m'informant du tremblement de terre à Sendai, je dors très peu. J'ai enseigné l'anglais à Natori, la ville abritant l'aéroport de Sendai, pendant deux ans. Je suis revenu au Québec au mois d'août dernier. Mes amis, mes collègues, mes élèves, mes voisins et tous ont eu à vivre cette tragédie. J'ai des nouvelles de la plupart de mes amis, de certains de mes collègues, mais de peu de mes élèves et mon sommeil est interrompu par des visions d'horreur. Toutes les images à la télé me serrent le coeur un peu plus. Le gymnase de l'école secondaire où j'enseignais sert à entreposer les corps. Il y en avait plus de 400 au moment où j'écrivais ces lignes.

Les Japonais étaient pourtant prêts. Il y avait des simulations d'évacuation dans notre école tous les deux mois. Tous les cellulaires dans la région reçoivent des ordres d'évacuations en cas de besoin. La ville de Natori possède cinq sites distincts d'évacuation en cas de tsunami. Mais ce tsunami est arrivé trop rapidement, l'épicentre du séisme étant trop près des côtes.

Quand je vois les images du secteur de Yuriage (secteur côtier de Natori), je ne peux qu'appréhender le pire, car le secteur au complet est inondé. Souvent, les maisons ont tout simplement été emportées au large. Une de mes amies est prise à l'aéroport avec 2000 personnes. Les corps flottent partout autour de la structure. Son copain essaie désespérément d'aller la chercher, mais il est pris dans le centre-ville de Sendai, dans le noir et au froid.

Je revois les visages de dizaines de personnes que je voyais quotidiennement: l'employé du dépanneur, la serveuse de l'izakaya du quartier, la brigadière scolaire. Ils sont possiblement tous morts. Je ne le saurai jamais. Je suis ici, pris avec mes cauchemars. Je serais si utile là-bas, au lieu de tourner dans mon lit à imaginer qui a survécu et comment. J'essaie de rester positif, de me dire que mes élèves sont jeunes et débrouillards, mais la vérité est que ce tsunami en a peut-être tué plusieurs.

Les Japonais sont magnifiques. Ils ne pilleront rien, feront la file pour l'eau et ramasseront tout dès que possible. Mais la région de Sendai prendra des années à se remettre de ce cataclysme. Par chance, baisser les bras et abandonner sont deux choses impossibles au pays du soleil levant. Pensez à eux et aidez-les, ils en ont besoin.