Les économies émergentes ont retrouvé en 2010 une croissance comparable à celle qu'elles avaient avant la crise mondiale de 2008. Avec un rythme de 7% en moyenne l'année dernière, elles ont assuré les deux tiers de la croissance de l'économie mondiale.

Les économies émergentes ont retrouvé en 2010 une croissance comparable à celle qu'elles avaient avant la crise mondiale de 2008. Avec un rythme de 7% en moyenne l'année dernière, elles ont assuré les deux tiers de la croissance de l'économie mondiale.

Elles avaient été durement frappées par le retrait des capitaux internationaux et l'effondrement du commerce international il y a deux ans, mais elles ont su rebondir. Les grands pays émergents, en particulier, ont vigoureusement relancé leur demande intérieure. En 2010, la croissance a atteint 10,3% en Chine, 9,7% en Inde, 7,5% au Brésil. Leur dynamisme contraste avec la reprise difficile dans la plupart des économies développées et ils attirent à nouveau des flux massifs de capitaux internationaux.

Les réunions du G20 qui se tiennent cette année sous la présidence française sont l'occasion de prendre acte du poids économique croissant des économies émergentes dans le monde. Ce groupe rassemble les représentants des huit principales économies développées et des 12 grandes économies émergentes pour tenter de trouver des réponses coordonnées aux crises financières mondiales.  

Quand il s'est réuni pour la première fois, en 1999, les 12 pays émergents représentaient 15% du produit brut mondial (au taux de change), ils en assurent aujourd'hui 25%, soit désormais autant que l'Union européenne ou que les États-Unis. Ils sont en position de force, car leur croissance dépend de moins en moins des économies avancées, et de plus en plus de leurs propres marchés intérieurs et de leurs échanges entre eux.  

Néanmoins, ils sont loin de former un ensemble homogène, et leurs intérêts leur dictent des positions différentes sur les questions qui sont à l'ordre du jour. Les pays dont la balance des paiements a des excédents massifs (la Chine en premier lieu mais aussi l'Arabie Saoudite, la Russie), et ceux qui sont en déficit (le Brésil, l'Inde, la Turquie) ont des points de vue différents sur les déséquilibres globaux.

Les exportateurs de produits agricoles (le Brésil) et les importateurs (l'Inde, la Chine) envisagent différemment la stabilisation des prix des matières premières. Sur ces questions, les lignes de clivage ne passent pas entre le nord et le sud. Les pays émergents peuvent se rejoindre sur la critique du système monétaire et financier international et sur la réforme de la gouvernance mondiale, car ils sont sous-représentés dans la plupart des instances de décision des institutions économiques internationales.

Alors que leur croissance économique s'émancipe progressivement de celle des grandes puissances en place, ils restent vulnérables à l'instabilité des mouvements internationaux de capitaux, comme le montrent les épisodes récents. L'accélération des afflux de capitaux vers les pays émergents depuis la mi-2010 contribue à y créer des tensions inflationnistes, des bulles immobilières et financières, pousse à l'appréciation de leurs monnaies et les conduit à accroitre encore leurs réserves de change. Les pays émergents détiennent actuellement les deux tiers des réserves mondiales et la Chine à elle seule 30%. Avec ses 2000 milliards de réserves placées en dollars, la Chine trouve ainsi dans une position d'étroite interdépendance avec l'économie américaine.