À une époque où un nombre croissant de jeunes sont en mauvaise condition physique, font de l'embonpoint et présentent même des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires qu'on observe habituellement chez les adultes, il est pertinent de rappeler l'expérience unique de l'école primaire Pierre-de-Coubertin, située au nord-est de Montréal.

À une époque où un nombre croissant de jeunes sont en mauvaise condition physique, font de l'embonpoint et présentent même des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires qu'on observe habituellement chez les adultes, il est pertinent de rappeler l'expérience unique de l'école primaire Pierre-de-Coubertin, située au nord-est de Montréal.

Cette école publique est la seule à offrir, depuis plus de 20 ans, le «tiers temps pédagogique» en éducation physique, c'est-à-dire que 33% du temps passé à l'école est consacré à l'éducation physique et aux activités physiques.

Concrètement, la journée de classe à Pierre-de-Coubertin est divisée en cinq périodes d'une heure dont une est consacrée à l'éducation physique, ce qui représente 20% du temps de classe officiel. À cela s'ajoutent cinq blocs d'activité physique hors classe répartis tout au long de l'année scolaire, ce qui porte le temps total réservé à l'éducation physique et à l'activité physique à 33% du temps passé à l'école par les élèves.

Au cours de ces activités hors classe, l'enfant découvre le patin, la course à pied, la natation, la gymnastique, les arts du cirque et les sports collectifs. L'école de rêve ne s'arrête pas là. Une fois par année, les élèves, les professeurs et la direction s'offrent une semaine de plein air à l'extérieur de la ville. Et, bien entendu, les récréations à Pierre-de-Coubertin sont de «vraies» récréations où les enfants bougent et s'amusent dehors sous les yeux complices des professeurs.

Des enfants concentrés en classe

Pour accorder plus d'importance à l'éducation physique, il a nécessairement fallu réduire le temps consacré aux autres matières. Le temps exigé par le ministère de l'Éducation en français et en mathématiques a été respecté.

Par contre, le temps dans les autres matières au programme a été réduit pour faire place à plus d'éducation physique. En bout de piste et après plus de 20 ans d'expérimentation (à l'origine il s'agissait d'un projet pilote), la formule du tiers temps pédagogique en éducation physique s'avère plusieurs fois gagnante.

À Pierre-de-Coubertin, on y note un très faible taux d'absentéisme et un niveau élevé de concentration en classe. Les élèves aiment venir à l'école parce qu'ils savent qu'ils ne sont pas assis toute la journée. Ils semblent beaucoup apprécier l'équilibre que leur offre l'école entre les matières théoriques et l'éducation physique.

Un tel équilibre est d'ailleurs une nécessité dans un monde où la technologie élimine, à chaque innovation, encore un peu plus le besoin de bouger. Il va de soi que les «Coubertins» comme les appellent leurs profs, sont très dégourdis sur le plan de la motricité grâce à leur heure quotidienne d'éducation physique. Voilà qui est de bon augure pour une pratique durable de l'activité physique dans le futur.

La recherche démontre clairement que les individus qui ont développé leur potentiel moteur sont plus susceptibles de rester physiquement actifs toute leur vie parce qu'ils ont du plaisir à bouger. C'est que permettent notamment les cours d'éducation physique.

Mais les élèves de Pierre-de-Coubertin, malgré des heures réduites dans les matières théoriques, affichent-ils un bon rendement scolaire? La réponse est oui. En fait, le rendement scolaire de ces élèves en grande forme physique se situe nettement au-dessus de la moyenne par rapport à celui des élèves des autres écoles primaires de Montréal.

Mieux encore: tous les Coubertins réussissent leur primaire! Une étude comparative de 11 ans, menée par des chercheurs de l'Université du Québec à Trois-Rivières et publiée en 1979, arrivait à la même conclusion: les enfants qui avaient une heure d'éducation physique par jour au primaire réussissaient aussi bien sinon mieux sur le plan scolaire que ceux qui avaient seulement 40 minutes d'éducation physique par semaine (c'était le temps alloué à cette matière à l'époque), en plus d'être en bien meilleure bonne condition physique.

Ces résultats ont été observés en dépit d'une diminution de 14% du temps d'enseignement dans les autres matières. Au moins une quinzaine d'études menées tantôt aux États-Unis, en France et en Australie, révèlent des résultats semblables. La formule «une heure d'éducation physique par jour» a même permis à des décrocheurs potentiels d'une école secondaire de Saskatoon de reprendre au goût aux études et de rester à l'école. Voilà qui envoie aux orties le mythe voulant que l'ajout de temps en éducation physique nuise au rendement scolaire.

En somme, bouger est une nécessité biologique et même psychologique chez les jeunes en pleine croissance physique. Hélas! ce n'est pas hors de l'école que les jeunes, en majorité, se dépensent physiquement, les études le démontrent. Bien au contraire, l'omniprésence du monde virtuel les cloue littéralement devant un écran plus de 30 heures par semaine! En clair les jeunes vivent de plus en plus dans un environnement obésogène. Gros problème de santé publique à l'horizon! C'est pourquoi je suis plus que jamais convaincu qu'une solution efficace pour contrer à la fois la sédentarité et le décrochage scolaire chez les jeunes est l'ajout substantiel de temps en éducation physique parce que c'est une solution qui touche 100% des élèves. Alors pourquoi ne pas étendre progressivement le modèle de Pierre-de-Coubertin à toutes les écoles du Québec? Les enfants ne s'en porteront que mieux et les parents seront heureux des résultats scolaires de leur progéniture.