Un différend oppose présentement Citoyenneté et immigration Canada (CIC) et l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). Les moyens de pression proposés par l'AQPP, en particulier le refus de servir gratuitement des médicaments aux personnes admissibles au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI), menacent le droit à la santé. Médecins du Monde dénonce cette situation qui risque de nuire sérieusement à la santé de ces personnes vivant en contexte de vulnérabilité.

Un différend oppose présentement Citoyenneté et immigration Canada (CIC) et l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). Les moyens de pression proposés par l'AQPP, en particulier le refus de servir gratuitement des médicaments aux personnes admissibles au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI), menacent le droit à la santé. Médecins du Monde dénonce cette situation qui risque de nuire sérieusement à la santé de ces personnes vivant en contexte de vulnérabilité.

En vertu de la Convention de Genève, les personnes qui demandent l'asile doivent être accueillies sans égard à leur état de santé et recevoir l'assistance publique appropriée. Conséquemment, le programme fédéral était mis en place, avec pour objectif d'assurer à ces migrants un accès aux soins essentiels, incluant les médicaments. C'est un engagement que nous, Canadiens, avons pris pour la protection des personnes fuyant la persécution.

À la fin 2009, plus de 100 000 personnes étaient en attente d'une réponse à leur demande d'asile au Canada. Ces personnes, ainsi que d'autres comme les victimes de la traite humaine et les Haïtiens accueillis à la suite du séisme de 2010, sont admissibles au programme. Cependant, ce programme souffre depuis ses débuts de difficultés administratives, notamment en raison de la complexité et des délais de remboursement pour les professionnels de santé. Malgré certains efforts, les irritants persistent, ce qui a contribué au conflit actuel entre le CIC et l'AQPP.

Or pour les demandeurs d'asile, ce problème n'est pas administratif. Il est humain. Et les moyens utilisés par les pharmaciens présentement risquent de leur causer des souffrances et d'aggraver leurs problèmes de santé. Il ne s'agit pas d'un petit ennui qui sera surmonté sans trop de difficultés, mais bien d'un réel danger!

L'interruption de médicaments administrés pour une maladie cardiaque, un diabète ou un trouble de santé mentale conduit à une rapide détérioration de l'état de santé, parfois aussi à la mort. On peut alors s'attendre à une affluence accrue, coûteuse et inutile, sur notre système de santé.

La cessation d'un traitement contre la tuberculose ou le VIH est également associée à des enjeux de santé publique majeurs. Pour ces personnes, il est question ici de soins capitaux pour leur bien-être, leur sécurité et leur avenir.

Pourtant, les pharmaciens imposent maintenant aux demandeurs d'asile de payer de leur poche ces médicaments. S'ils en ont les moyens. Et rien n'est moins certain! Aussi, tant l'Organisation mondiale de la santé que de multiples acteurs dans le domaine soutiennent que tout frais imposé entraîne obligatoirement une forme d'exclusion des soins pour les moins nantis. La barrière financière mène souvent à l'accroissement des maladies et des décès si on ne met pas en place des dispositions qui visent à protéger les plus pauvres.  

Médecins du Monde oeuvre auprès de populations à Montréal et ailleurs dans le monde pour qui l'accès aux soins, sans discrimination et sans frais, n'est malheureusement pas garanti. Aussi, l'organisation estime qu'on ne doit pas laisser de telles formes d'exclusion se pratiquer et s'insurge contre ces moyens de pression qui nuiront principalement aux plus démunis parmi ces migrants à qui le Canada a promis la sécurité.

L'enjeu n'est pas de déterminer à qui la faute, mais bien de souligner que ce n'est pas à ces personnes de payer pour un différend d'ordre administratif qui ne les concerne pas.

Nous ne pouvons demeurer silencieux face à une mesure qui fait fi du droit à la santé, un droit humain fondamental, et qui peut avoir un impact direct sur la santé publique et celle de personnes en situation de précarité. En conséquence, Médecins du Monde exhorte les parties de trouver en toute urgence une solution à cette impasse.