En mai 1996, j'avais 16 ans et je cherchais un premier emploi. Peu importe ce que l'on peut penser de l'entreprise, le restaurant McDonald's de Salaberry-de-Valleyfield m'a donné ma première chance. Horaires atypiques, salaire minimum et efforts physiques soutenus m'attendaient dans le détour. Qu'à cela ne tienne, j'en suis ressorti avec une expérience de travail enrichissante m'apprenant les bases de la gestion du stress et l'occasion de réduire à néant la virginité de mon curriculum vitae professionnel.

En mai 1996, j'avais 16 ans et je cherchais un premier emploi. Peu importe ce que l'on peut penser de l'entreprise, le restaurant McDonald's de Salaberry-de-Valleyfield m'a donné ma première chance. Horaires atypiques, salaire minimum et efforts physiques soutenus m'attendaient dans le détour. Qu'à cela ne tienne, j'en suis ressorti avec une expérience de travail enrichissante m'apprenant les bases de la gestion du stress et l'occasion de réduire à néant la virginité de mon curriculum vitae professionnel.

Pour que jeunesse se fasse, il faut des emplois ouverts à tous où l'on nous donne notre première chance. Comme le dit si bien la phrase précédente: notre première chance. Pourquoi ne pas accepter que certains emplois soient par définition des emplois pour les jeunes étudiants, temporaires, à temps partiel pour quelques années? Pourquoi ne pas accepter que certains emplois soient de perpétuels premiers emplois avec un roulement de personnel élevé?

Si quelqu'un est prêt à travailler chez Couche-Tard dans les conditions actuelles, c'est qu'il juge que ces conditions rencontrent ses attentes au moment où il s'y engage. Le jour où l'employé sentira que les conditions ne lui conviennent plus, il sera libre de travailler ailleurs. Évidemment, certains diront que nous n'avons pas tous cette chance, et cela est bien vrai lorsque nos choix antérieurs, volontaires ou non, nous hantent.

La meilleure arme contre la précarité des emplois est sans aucun doute l'éducation. Évidemment, elle ne garantit absolument pas un emploi à vie, mais elle donne une valeur à l'employé, une étiquette, une carte de visite. Est-ce vraiment rendre service à la population de gonfler artificiellement le salaire d'une tâche? N'est-ce pas là une belle vitrine à l'éducation?

Une fois qu'on a une spécialisation, on a une valeur sur le marché de l'emploi: on a un pouvoir de négociation. Chaque citoyen du Québec a la chance de faire au minimum un diplôme d'études professionnelles au secondaire. Pourquoi encourager l'inertie? Pour gagner du galon, pas besoin d'une convention collective, juste de la volonté, du travail et de l'effort. Durant la Révolution tranquille, le Québec s'est littéralement transformé, mais qu'en est-il depuis?

La CSN veut-elle vraiment le bien-être des employés de Couche-Tard? Nous sommes loin de la grève du coton de 1946. Derrière ses vertus de justice sociale, la CSN ne ressemble plus à un regroupement de travailleurs voulant faire avancer les conditions de ces derniers.

S'attaquer à un fleuron québécois qui a un modèle d'affaires basé sur de faibles marges n'aidera en rien la cause de Couche-Tard, ni celle de ses employés. Parfois des institutions doivent évoluer, mais certaines désirent rester dans le passé sans remettre en cause leur modèle d'affaires. Oui, modèle d'affaires, parce que la CSN a un objectif précis: syndiquer le plus de personnes possible.

La société des loisirs n'existera jamais. Comme le chante si bien Jonathan Painchaud, nous sommes tous «condamnés à fournir constamment un effort, pour ne pas devenir notre propre poids mort». Le Québec doit se réveiller, mais il dort peut-être au gaz... de schiste.