Je crois utile de commenter certaines réactions à la suite de la publication de mon étude sur les pensions.

Je crois utile de commenter certaines réactions à la suite de la publication de mon étude sur les pensions.

Je continue de croire, comme tout au long de ma carrière, qu'une société développée et prospère doit assurer à ses citoyens un minimum de revenus. Pour les aînés, cela signifie un revenu leur permettant de maintenir leur niveau de vie. Il s'agit là d'une question fondamentale de solidarité.

Présentement, chez les 65 ans et plus, un demi-million de Québécois n'ont pas ce minimum et sont incapables de se suffire à eux-mêmes. Ils doivent recevoir l'assistance de l'État. Comment peut-on accepter une telle situation dans une société d'abondance comme la nôtre?

Qu'en sera-t-il avec l'arrivée à la retraite des baby-boomers moins portés sur l'épargne et la prévoyance que leurs prédécesseurs?

Il faut se rendre à l'évidence. Les RÉER et les régimes d'employeurs, établis sur base volontaire, ne constituent pas la solution. Malgré tous les efforts déployés et les avantages consentis, deux travailleurs sur trois, soit plus de deux millions et demi, se dirigent vers une importante baisse de leur niveau de vie à la retraite. Pour ces travailleurs et pour notre société dans son ensemble, ce n'est pas acceptable.

Face à une telle perspective, comment réagissent le gouvernement et les partis de l'opposition? Le gouvernement propose le maintien du statu quo, c'est-à-dire absolument rien. De leur côté, les partis de l'opposition répondent par des voeux pieux. De la part de ministres et de députés qui vont bénéficier de généreuses pensions, c'est pitoyable.

En effet, dans les heures suivant la publication de mon rapport, les ministres Fournier, Boulet et Normandeau ont réagi, sans réfléchir, et en faisant fi de la longue tradition du Parti libéral du Québec en matière de politique sociale. Malgré l'expérience négative concluante des dernières décennies, ils proposent de faciliter la création de régimes dans les petites entreprises. De plus, ils ne semblent pas conscients de l'existence de centaines de milliers de travailleurs autonomes et d'employés de moyennes et grandes entreprises qui ne bénéficient d'aucune protection autre que celle des régimes publics.

Certains affirment ne pas être en accord avec l'obligation d'épargner et se disent en faveur de la liberté individuelle. Pourtant, ma proposition ne constitue qu'un minimum qui laisse bien de la marge à ceux qui souhaiteraient faire davantage.

Certains voient dans ma proposition une forme de taxe ou d'impôt. Ce n'est absolument pas le cas. Il s'agit d'épargnes qui seront placées, sans frais administratifs, dans les comptes de ceux qui ont cotisé et qui serviront exclusivement au paiement de leurs pensions.

Mes détracteurs sont-ils conscients que si rien n'est fait, ce sont ceux qui auront fait preuve de prévoyance et les travailleurs de demain, en nombre réduit, qui paieront pour les imprévoyants?

Enfin, si le débat en cours suscite des propositions crédibles, ce que je souhaite, je serai le premier à m'en réjouir.