Dans la tourmente actuelle, tout élu municipal est maintenant soupçonné de corruption et de malversation, sans autre forme de procès, préjugés encouragés par l'absence d'une commission d'enquête qui permettrait d'identifier les systèmes illégaux qui se sont possiblement installés dans l'attribution des contrats publics, le financement des partis politiques et l'infiltration d'entreprises et de syndicats par la pègre.

Dans la tourmente actuelle, tout élu municipal est maintenant soupçonné de corruption et de malversation, sans autre forme de procès, préjugés encouragés par l'absence d'une commission d'enquête qui permettrait d'identifier les systèmes illégaux qui se sont possiblement installés dans l'attribution des contrats publics, le financement des partis politiques et l'infiltration d'entreprises et de syndicats par la pègre.

Au Québec, monsieur le premier ministre, ces dérives sont attribuables à plusieurs facteurs, mais l'absence de solutions à terme est en lien direct avec votre inaction. Les médias ont donc pris la relève et alimente très bien votre police politique, l'escouade Marteau.

Des enquêteurs ont communiqué avec moi à la fin décembre afin de s'enquérir de la situation à Sainte-Thérèse. Je leur ai demandé les motifs d'une telle rencontre. Ils ont répondu que j'étais devenu conseiller indépendant récemment, que je publiais mes observations en matière d'éthique dans les médias (La Presse, 2 décembre 2010) et que le cas de Sainte-Thérèse les intéressait. «Y a-t-il de la corruption à Sainte-Thérèse?» Telle fut la question posée par vos enquêteurs de l'escouade Marteau afin que je valide leur proposition.

J'ai été stupéfait et troublé à la fois par cette demande. Votre escouade Marteau s'intéresse à un petit élu municipal. Est-ce pour faire de moi un délateur? Tout au long de l'entretien, les carnets de vos enquêteurs sont restés fermés. Ils ne semblent pas avoir trouvé en moi des histoires assez scandaleuses pour alimenter leur travail.

La médiatisation de supposées malversations à Sainte-Thérèse, soulevées par un groupuscule de citoyens défait aux élections de 2009 et la vérification du ministère des Affaires municipales étaient suffisantes pour attirer l'attention des enquêtes criminelles de la Sûreté du Québec sur le cas de Sainte-Thérèse. Voilà une chose troublante.

Ne devions-nous pas recevoir de la part de l'escouade Marteau de grandes révélations avant la fin de l'année 2010, et des poursuites tout aussi spectaculaires? J'ai émis des réserves quant aux possibilités de l'escouade de nous montrer des politiciens menottés durant les prochains mois. Je suis sceptique et je serai bientôt aussi cynique que la plupart de mes commettants, cynisme que les médias alimentent avec enthousiasme et désolation. Il s'agit de cinq ou six municipalités qui font face à des allégations rapportées par les médias sur 1104 municipalités au Québec.

J'ai suivi scrupuleusement toutes les réunions préparatoires, les comités pléniers et les assemblées publiques à Sainte-Thérèse depuis cinq ans, et rien ne me permet de conclure que les élus et les fonctionnaires se seraient adonnés à quelque manoeuvre que ce soit visant à favoriser des firmes de génie-conseil.

L'opération Marteau prévoyait des effectifs de 24 policiers, 14 employés civils, quatre procureurs, quatre représentants de la Direction des poursuites criminelles et pénales, deux policiers de la GRC pour un montant de 13,8 millions de dollars sur trois ans. Pour sa part, l'escouade spéciale sur la malversation et la construction prévoyait 17 policiers, trois employés civils, trois procureurs pour un total de 13 millions sur trois ans. En 14 mois de travail, ces unités ont dépensé 10,3 millions, et nous avons cinq arrestations, dont trois liées à la ville d'Outremont! C'est mince!

M. Charest, instituez cette commission publique et vous obtiendrez la collaboration de centaines d'élus, fonctionnaires et entrepreneurs menacés, lésés et écartés des grands contrats publics. Ces gens n'auront même pas à attendre un subpoena pour témoigner.

Vous avez en main la crédibilité de 8000 élus municipaux qui représentent plus de 7,7 millions de population au Québec.

Bien plus, vous avez en main l'avenir de la démocratie municipale. Si vous ne déclenchez pas d'enquête publique, c'est que vous avez abandonné les élus municipaux au tribunal populaire des médias qui font un travail exemplaire et destructeur jusqu'à maintenant.