Dans toute l'argumentation autour de la rémunération des dirigeants d'entreprise, un élément semble être écarté du débat: le risque. Le chef d'entreprise n'est pas le propriétaire de cette dernière, mais simplement un salarié représentant les actionnaires. Pourquoi a-t-il droit à une rémunération 155 fois plus élevée que celle de la moyenne des travailleurs canadiens?

Dans toute l'argumentation autour de la rémunération des dirigeants d'entreprise, un élément semble être écarté du débat: le risque. Le chef d'entreprise n'est pas le propriétaire de cette dernière, mais simplement un salarié représentant les actionnaires. Pourquoi a-t-il droit à une rémunération 155 fois plus élevée que celle de la moyenne des travailleurs canadiens?

Évidemment, le poste de président et chef de la direction n'est pas ouvert à tous: il est très prestigieux et demande souvent de longues années de dur labeur pour y arriver. Il ne fait aucun doute qu'il doit être bien rémunéré. Toutefois, il ne faut pas surévaluer le travail d'un président d'entreprise. Il est en quelque sorte le porte-étendard, la personne mise en évidence, mais il n'est pas le seul responsable des succès et des insuccès d'une société.

Parfois, il apporte un vent de changement en redirigeant les orientations stratégiques d'une entreprise, mais cela vaut-il les sommes extravagantes qui leur sont versées? Y aurait-il quelqu'un d'autre avec les mêmes compétences prêt à faire le travail pour une rémunération plus faible? Cela paraît fort possible.

Ainsi, qui est véritablement floué dans toute cette envolée des salaires des présidents d'entreprise? Ce sont les actionnaires. Les actionnaires sont ceux qui investissent leurs épargnes et qui attendent un rendement proportionnel au risque qu'ils prennent. Malheureusement, les sociétés cotées en Bourse comportent une multitude de propriétaires qui ne peuvent pas nécessairement faire collectivement entendre leur voix à l'assemblée des actionnaires. La plupart de ces derniers ne se présentent jamais à une telle assemblée.

Comme le salaire des dirigeants est public, il s'en suit souvent un effet de «résonnance» devenant parfois incontrôlable. Le conseil d'administration compare le salaire du président d'une société avec celui d'autres sociétés équivalentes et contribue à cette hausse des salaires. Ce phénomène se compare aisément à la situation des salaires des joueurs de hockey depuis 20 ans: on assiste à un simple résultat d'un jeu de comparaison.

Certains diront que les options d'achat d'actions font en sorte qu'une partie de la rémunération des chefs d'entreprise est à risque. A-t-on vraiment besoin de leur donner une telle rémunération incitative? Si on veut primer le dirigeant sur les résultats et sur l'augmentation de la valeur de la société, un simple bonus de fin d'année ne serait-il pas suffisant? N'est-ce pas le rôle premier d'un employé: c'est-à-dire fournir un effort en compensation d'un salaire? Les options d'achat prennent parfois des allures de loteries où la récompense pour le risque encouru devient démesurée.

Ainsi, le conseil d'administration remplit-il de façon adéquate son rôle lors de la fixation du salaire du dirigeant? L'actionnaire semble le principal lésé dans cet exercice. Toutefois, doit-on en être véritablement surpris?