La Seconde Guerre de Corée n'a pas commencé hier, comme on avait pu le craindre. La Corée du Sud a bien effectué des tirs d'artillerie en mer, autour de Yeonpyeong, l'île que la Corée du Nord avait bombardée sans préavis ou provocation le 3 novembre dernier, tuant deux militaires et deux civils. Mais la Corée du Nord n'a pas répliqué, comme elle l'avait laissé entendre.

La Seconde Guerre de Corée n'a pas commencé hier, comme on avait pu le craindre. La Corée du Sud a bien effectué des tirs d'artillerie en mer, autour de Yeonpyeong, l'île que la Corée du Nord avait bombardée sans préavis ou provocation le 3 novembre dernier, tuant deux militaires et deux civils. Mais la Corée du Nord n'a pas répliqué, comme elle l'avait laissé entendre.

Le régime du Nord ne pourra prétendre, de façon crédible, exercer des représailles contre des obus en provenance du Sud. Il est vrai que Yeonpyeong est situé dans des eaux que Pyongyang revendique, mais les manoeuvres sud-coréennes faisaient partie d'un exercice annuel routinier. Et Séoul a pris soin de tirer en direction sud-ouest, loin du territoire nord-coréen.

Cette fois encore, Pyongyang - utilisant le langage excessif qu'on lui connaît - a évoqué une menace de riposte massive. C'était, bien sûr, du bluff. La Corée du Nord affectionne les attaques furtives, prenant l'adversaire par surprise - comme la torpille lancée contre la corvette sud-coréenne Cheonan. Le navire a coulé et 46 jeunes conscrits ont trouvé la mort. La Nord a nié toute responsabilité, et l'affaire a suscité un certain scepticisme, même à Séoul; le Sud peut avoir exagéré l'affaire. Le bombardement de Yeonpyeong, par contre, relève de l'agression pure. Un État normal qui veut la paix ne s'y prendra pas ainsi pour négocier une frontière marine contestée.

Mais la Corée du Nord a-t-elle jamais été normale ou pacifique? En 1950, le chef communiste Kim Il-sung a ordonné l'invasion du Sud. Quatre millions de militaires et civils ont été tués, y compris 516 Canadiens, avant l'armistice de 1953. Cinquante-sept ans plus tard, il n'y a toujours pas de traité de paix entre les deux Corées.

Des archives, rendues publiques récemment, démontrent qu'à cette époque déjà, la Corée du Nord exaspérait ses alliés communistes. Au moment où ces derniers répudiaient le stalinisme, Kim Il-sung l'embrassait. Un monstrueux culte de la personnalité a servi d'assise à trois générations de monarques, pendant qu'une hyper-militarisation sabotait la croissance rapide qu'avait connue au début la Corée du Nord (elle avait même devancé le Sud) et plongeait le pays dans la famine.

Qui est responsable? Soyons clair. Oui, il est tragique que les États-Unis et l'URSS aient «temporairement» créé deux Corées en 1945. Oui, les bombes américaines ont dévasté le Nord de 1950 à 1953. Mais le Vietnam constitue la preuve que des ennemis peuvent se réconcilier. Quand des politiques échouent, les États raisonnables adoptent des positions plus pratiques.

Les erreurs des autres n'excusent pas Kim Jong-il. Même Cuba avoue que les vieilles méthodes ne fonctionnent plus. À l'opposé, la Corée du Nord laisse son économie s'effondrer et son peuple mourir de faim. La dynastie Kim est grotesquement narcissique à l'interne et belligérante à l'étranger. Le régime ne fait rien pour régler les problèmes qu'il a lui-même créés. La paix et les réformes s'imposent.

Arrive la Chine, qui n'abandonnera pas les Kim mais ne permettra pas non plus une réunification à l'allemande. Elle apportera plutôt son soutien à la Corée du Nord, exerçant des pressions à sa manière et à son rythme. Pyongyang devra céder. Séoul et Washington n'apprécieront pas mais n'y peuvent rien. Laissons la Chine dégriffer Pyongyang. De toute façon, le reste du monde a échoué.