Le 8 novembre dernier, les conseillers de l'arrondissement Ville-Marie ont adopté en majorité une résolution qui autorise la démolition ainsi qu'une dérogation au zonage du site de la Maison Redpath, située au 3455-3457 avenue du Musée, construite en 1886 par l'architecte Sir Andrew Taylor.

Le 8 novembre dernier, les conseillers de l'arrondissement Ville-Marie ont adopté en majorité une résolution qui autorise la démolition ainsi qu'une dérogation au zonage du site de la Maison Redpath, située au 3455-3457 avenue du Musée, construite en 1886 par l'architecte Sir Andrew Taylor.

Localisée dans le Golden Square Mile, cette propriété est l'une des rares maisons d'architecture Queen Anne encore présentes à Montréal, avec ses jeux de briques rouges, ses ardoises, ses multiples pignons et sa haute cheminée. Son état? Lamentable, car la Ville n'oblige pas le propriétaire actuel à s'en occuper et à respecter sa valeur patrimoniale. Depuis des années, il tente de démolir ce vestige du patrimoine et aujourd'hui il veut construire une tour qui aura 25 mètres de hauteur au lieu des 16 mètres permis par le zonage. À noter que l'on suppose que les trois étages supplémentaires pourraient servir de résidence personnelle au promoteur. Cette dérogation en hauteur détruira l'aspect visuel d'une des plus charmantes rues restantes au centre-ville de Montréal.

Sur la même rue, le Musée des Beaux-Arts de Montréal, qui vient de gagner un prix architectural important pour la rénovation et la transformation de l'église Erskine and American, a réussi cet exploit en respect de toutes les règles de zonage. Et bien que le Musée soit une institution publique et situé au coin de la rue Sherbrooke, l'administration Tremblay a contraint celui-ci de strictement respecter le zonage du quartier.

Avec l'adoption du projet Sochaczevski, la rue du Musée deviendra comme plusieurs autres rues qui ont été défigurées par une conception «années 60» du développement urbain. Les rues Drummond, de la Montagne et Simpson en sont de tristes exemples.

Depuis le début du processus, toutes les instances sont contre le projet: les fonctionnaires de l'arrondissement Ville-Marie, Héritage Montréal, le Conseil du patrimoine de la Ville de Montréal, Projet Montréal, Vision Montréal et la très grande majorité des citoyens du quartier. Tous, sauf le maire Gérald Tremblay et les conseillers de l'arrondissement Ville-Marie qu'il contrôle. À l'origine, tous semblaient être en accord avec tous les intervenants, mais coup de théâtre, ils ont voté en faveur de la résolution le mois dernier. L'équipe du maire Tremblay dit vouloir un référendum pour «équilibrer» les pressions du promoteur Amos Sochaczevski. Quelles sont ces «pressions»? Quel pouvoir Amos Sochaczevski a-t-il sur le maire Tremblay? Que lui doit M. Tremblay?

M. Tremblay sait que le processus de référendum sur ces questions constitue seulement l'apparence de la démocratie. Il sait pertinemment que les 180 signatures requises au sein de ce petit quartier seront difficilement atteignables. La plupart des résidents de ce quartier, des professionnels occupés ou des aînés se déplaçant avec difficulté, n'iront pas jusqu'à l'hôtel de Ville à une date précise, durant les courtes heures d'ouverture, afin de s'enregistrer et devoir y retourner quelques mois plus tard pour voter! Et tout ce grand dérangement devra recommencer quand le promoteur décidera de faire une petite modification à son projet!

Le maire Tremblay sait, comme tous les élus municipaux de notre province, que le gouvernement du Québec est précisément en train de changer la loi sur les référendums. Cela explique sans doute l'empressement d'aider Amos Sochaczevski avant que la nouvelle loi entre en vigueur.

Avec tout ce qui se passe présentement au Québec, il importe au maire Tremblay d'expliquer aux citoyens pourquoi il insiste pour concéder ces dérogations qui rapporteront des millions de dollars à un individu aux dépens de la collectivité. Des dérogations qui nuisent au quartier, créent un très mauvais précédent et minent la confiance des citoyens en ce qui a trait à la transparence de leur gouvernement municipal. Ce n'est pas suffisant, ni acceptable aux yeux des citoyens d'affirmer que ce promoteur continuera de négliger sa propriété si on ne lui donne pas le feu vert avec ses propres conditions. Avec tous les lots vacants disponibles au centre-ville pourquoi celui-ci en particulier?

* Les cosignataires de la lettre ouverte: Alain Assouline, Jan Bedoukian, Harold Bedoukian, Nathalie Bissonnette, Pierre Bourgie, Sylvia Bucci, Guy Chartier, Michel De la Chenelière, Ronald Chorlton, Pierre Cloutier, Jacques Courtois, Marie Décarie, Laurence Desbiens, Daniel Desbiens, Philippe Couture, Mare Dimitropoulos, Josée Doucet, Charles S. D'Angelo, Antoine Ertaskiran, Louise Filiatreault, Charles Gagnon, Richard Gauthier, Xuan Ha, Robert E. Hutz, Dixi Lambert, Catherine Lee, Bernard Mariette, Marie-Françoise Mariette, Ilse Matalon, Nissim Tass Matalon, Peter O'Brien, Kathleen D. Patton, Mare Reynolds, Douglas Reynolds, Georges Robic, My Van Dinh, Robic, Bash Shetty, Sandra St-Laurent, Lorna Telfer, Truong Vo-Van, My-Lien Vo, Solange Woods, James Woods.