Le gouvernement du Québec réfléchit à divers mécanismes pour enrayer la corruption. S'attaquer à la corruption est essentiel, mais ce n'est pas suffisant. Il faut améliorer le modèle québécois, le rendre plus efficace. L'état de nos finances publiques ne nous permet pas de continuer de payer systématiquement trop cher pour toute sorte de biens et services. Après tout, le Québec est une des provinces les plus endettées par personne.

Le gouvernement du Québec réfléchit à divers mécanismes pour enrayer la corruption. S'attaquer à la corruption est essentiel, mais ce n'est pas suffisant. Il faut améliorer le modèle québécois, le rendre plus efficace. L'état de nos finances publiques ne nous permet pas de continuer de payer systématiquement trop cher pour toute sorte de biens et services. Après tout, le Québec est une des provinces les plus endettées par personne.

Dans son édition-choc sur la corruption au Québec, le magazine Maclean's rapportait que le Québec paie 30% de plus que la moyenne nationale pour ses routes. Si c'est vrai, il est impératif que nous améliorions rapidement notre façon de faire. La corruption et la collusion ne sont probablement pas les seules causes de ces trop-perçus. Le laxisme administratif et la complaisance d'une grande partie de la classe politique ont probablement également contribué à cet état de fait.

Dans le domaine des bâtiments et travaux publics, le Québec pourrait poser quelques gestes qui porteraient fruit rapidement.

1. Le Québec pourrait adopter un code des marchés. Ce code serait applicable aux différents paliers gouvernementaux ainsi qu'aux municipalités et rassemblerait de manière cohérente les lois et politiques qui gouvernent l'achat de biens et services. Le code encadrerait toutes les formes d'approvisionnement, du gré à gré en passant par le dialogue constructif jusqu'aux différents modes conventionnels ou de partage de risques. L'uniformité du droit et des contrats simplifierait les appels d'offres et leur surveillance.

2. La surveillance des marchés, y compris l'application du code des marchés, serait assurée de manière permanente par un organisme indépendant et spécialisé dirigé par un juriste, préférablement un ancien juge ou procureur. Cet organisme serait doté des compétences techniques, financières, comptables, juridiques et d'enquêtes nécessaires pour mener à bien ses fonctions. Les unités polyvalentes constituées récemment pour enquêter dans divers domaines de la construction, et qui selon certains médias ont déjà permis au ministère des Transports de faire des économies de centaines de millions, pourraient constituer la base d'un tel organisme. L'organisme de surveillance pourrait recevoir des plaintes, faire enquête et, le cas échéant, entamer des poursuites au civil, au pénal ou au criminel.

3. Les grands marchés seraient suivis par des vérificateurs de processus indépendants nommés par l'organisme de surveillance. Ces vérificateurs s'assureraient que les règles des appels d'offres soient respectées et rapporteraient tout écart à l'organisme de surveillance. Les vérificateurs pourraient être des comptables ou juristes à la retraite.  

4. Les prix et certaines modalités des marchés seraient disponibles sur le site internet de l'organisme de surveillance et pourraient être consultés par tous. L'information serait présentée de manière à protéger les intérêts commerciaux légitimes des soumissionnaires tout en permettant aux citoyens et contribuables de comprendre les prix obtenus et de les comparer avec ceux octroyés dans d'autres régions du Québec ou provinces du Canada.

5. À l'instar d'autres entités indépendantes, le financement de l'organisme serait assuré par un droit payé par chaque gagnant d'un marché.