Chers collègues, le 8 décembre 2008, vous avez été élus, tout comme moi, pour la première fois comme député à l'Assemblée nationale. À quelques jours du deuxième anniversaire de notre élection, nous pouvons facilement nous rappeler la joie, le sentiment d'euphorie qui nous entourait ce soir-là. Obtenir la confiance d'une majorité de ses concitoyens pour porter leur préoccupation à l'Assemblée nationale, c'est gratifiant, certes, mais c'est aussi tout un mandat à réaliser.

Chers collègues, le 8 décembre 2008, vous avez été élus, tout comme moi, pour la première fois comme député à l'Assemblée nationale. À quelques jours du deuxième anniversaire de notre élection, nous pouvons facilement nous rappeler la joie, le sentiment d'euphorie qui nous entourait ce soir-là. Obtenir la confiance d'une majorité de ses concitoyens pour porter leur préoccupation à l'Assemblée nationale, c'est gratifiant, certes, mais c'est aussi tout un mandat à réaliser.

Une fois élus députés, peu importe la formation politique que nous représentons, nous partageons des préoccupations semblables. Savoir conjuguer la représentation adéquate de nos électeurs et la fameuse «ligne de parti» est assurément un des plus grands défis que nous avons. Et pour vous, qui êtes membres du caucus gouvernemental sans pour autant siéger au conseil des ministres, je présume que la tâche est doublement complexe.

Au cours des dernières semaines, vous avez été témoins d'une mobilisation sans précédent de la population en faveur d'une enquête publique sur l'industrie de la construction et le financement des partis politiques. Il faut dire que les différentes révélations que nous entendons depuis un an et demi ont largement contribué à cette volonté populaire. Les Québécois ont à coeur de connaître la vérité et, surtout, de comprendre le système de corruption qui semble être érigé dans ce milieu hautement stratégique de notre économie.

Une fois de plus, aujourd'hui, nous entendrons de part et d'autre des arguments en faveur et en défaveur de la mise en place de cette commission d'enquête, et je n'ai pas l'intention d'étaler dans cette lettre ces arguments. Vous les connaissez déjà. Mais cette fois, la différence sera que les derniers alliés de votre formation politique contre une enquête publique lui ont désormais tourné le dos. Le gouvernement est plus isolé que jamais sur cette question qui préoccupe tellement les Québécois. Mais je crois profondément que vous avez le pouvoir de changer les choses.

Je sais que, dans vos familles et dans vos circonscriptions, des gens vous ont interpellé pour appuyer la tenue de cette enquête publique. Comme députés ministériels, votre situation est délicate, et je le reconnais. Vous n'avez malheureusement pas la chance de siéger au conseil des ministres et d'influencer directement la prise de décisions pour une enquête publique. Mais avant d'être membre du parti gouvernemental, vous êtes d'abord et avant tout député. Comme député libéral, vous êtes d'abord député, ensuite libéral. Vous n'êtes pas obligé d'endosser toutes les décisions du gouvernement. Votre obligation, elle est envers vos concitoyens.

Dans le contexte que nous connaissons, vous disposez, comme député, d'une voix qui peut faire une différence et changer positivement le visage du Québec.

Je vous tends personnellement la main pour qu'aujourd'hui, ensemble, nous exprimions la volonté de nos concitoyens. Je sais que, dans votre situation, l'appui à une enquête publique demande énormément de courage, mais je pense que c'est ce que les gens qui vous ont élu vous demandent.

Personnellement, je crois que, depuis le 8 décembre 2008, j'exerce le plus beau métier du monde, soit celui de député. Je dois vous dire que tous les soupçons à l'égard de la classe politique n'ébranlent en rien cette conviction, mais ils m'inquiètent grandement, car ce sont nos institutions qui en paient le prix.

Aujourd'hui, ensemble, nous pourrons revaloriser notre fonction de député. Mettons en place nos idéaux du 8 décembre 2008 pour un Québec meilleur. Redonnons ensemble confiance aux citoyens en leurs députés et portons leur voix à l'Assemblée nationale.

Aujourd'hui, vous avez la chance de changer le Québec.

* Il adresse cette lettre ouverte aux 13 députés libéraux élus pour la première fois à l'élection de décembre 2008 : Francine Charbonneau (Mille-Îles), André Drolet (Jean-Lesage), Gilles Lehouiller (Lévis), Patrick Huot (Vanier), Michel Matte (Portneuf), Michel Pigeon (Charlesbourg), Jean-Paul Diamond (Maskinongé), Danielle Saint-Amand (Trois-Rivières), Marc Carrière (Chapleau), Stéphane Billette (Huntingdon), Georges Mamelonet (Gaspé), Germain Chevarie (Iles-de-la-Madeleine), Filomina Rotiroti (Jeanne-Mance-Viger).