Depuis quelque temps, certains politiciens du Parti libéral, suivant en cela l'exemple d'un chef arrogant, tentent de banaliser la portée de cet exercice de la citoyenneté qu'est la pétition. Cette banalisation de la responsabilité citoyenne illustre un certain mépris à l'endroit de celles et ceux qui prennent la peine d'ajouter leur nom à  tant d'autres qui dénoncent le comportement malhonnête, inacceptable ou autrement révoltant de trop de politiciennes et de politiciens.

Depuis quelque temps, certains politiciens du Parti libéral, suivant en cela l'exemple d'un chef arrogant, tentent de banaliser la portée de cet exercice de la citoyenneté qu'est la pétition. Cette banalisation de la responsabilité citoyenne illustre un certain mépris à l'endroit de celles et ceux qui prennent la peine d'ajouter leur nom à  tant d'autres qui dénoncent le comportement malhonnête, inacceptable ou autrement révoltant de trop de politiciennes et de politiciens.

Or, le droit de pétitionner est un des trois droits politiques reconnus dans la Charte des droits et libertés de la personne (art.21), les deux autres étant de voter et de faire acte de candidature lors d'une élection (art.22). C'est donc dire l'importance que tant le Parti libéral que le Parti québécois ont accordé à ce droit lors de la rédaction de cette charte et de son acceptation unanime par l'Assemblée nationale en 1976. Effectivement, le droit de présenter une pétition à ceux qui sont mandatés pour nous représenter est le complément direct du droit de vote. Outre d'être une des expressions concrètes de la conscience citoyenne, l'exercice de ce droit permet d'exprimer démocratiquement son désaccord tant pour ce qui concerne des projets législatifs que sur le plan de la gouvernance générale de l'État. Ce qu'ont tendance à oublier les élus, c'est que le citoyen demeure souverain en tout temps et que le fait d'élire un représentant n'exprime pas de sa part un abandon de cette prérogative fondatrice d'une société libre. La banalisation de l'importance de ce droit politique conduit, voire justifie le recours à la rue et à la désobéissance civile. La pétition, c'est l'alternative pacifique à l'expression du désaccord, voire de la révolte du citoyen face à la mauvaise gestion et à tromperie politicienne. À moins de croire que le pétitionnaire est un mal informé, un manipulé, même un imbécile; le démocrate ne peut que prendre acte de ce qu'exprime ce droit démocratique, surtout quand cette expression tire sa force d'un grand nombre de personnes qui osent dire au prince: c'est assez!

Aussi, faut-il dénoncer vigoureusement la banalisation de ce droit qu'en fait Jean Charest en ramenant à «un mouvement d'humeur» qui devrait s'estomper, l'exigence de sa démission formulée par des centaines de milliers d'électeurs qui prennent la peine de souscrire à une pétition ouverte sur un site web de l'Assemblée nationale. Encore récemment, le whip du Parti libéral affirmait qu'au Québec, «les élus le sont par voie électorale», réduisant de cette manière au rang de banalité l'exercice du droit de pétitionner. Idem pour l'ensemble du caucus libéral qui entonne le même refrain que son directeur de chorale sans trop s'interroger sur le fait que cela les mène à fausser. S'il est vrai que nous élisons nos représentants, la pétition est l'outil que nous nous sommes donnés pour exprimer, entre deux élections, notre désaccord envers leur politique ou notre désir de les voir adopter des mesures législatives favorables au bien commun.

Confronté à une autre gangrène, Robert Bourassa avait eu le courage de déclencher des élections hâtives.Une audace qui devrait inspirer Jean Charest dont le gouvernement ne tient qu'à une mince majorité dont la légitimité est plombée par l'accumulation les scandales.