La progression des investissements de la Chine à l'étranger fait la une de la presse internationale et, en Europe, leur avancée est particulièrement spectaculaire.

La progression des investissements de la Chine à l'étranger fait la une de la presse internationale et, en Europe, leur avancée est particulièrement spectaculaire.

D'abord, les projets ont souvent été annoncés lors de visites officielles de dirigeants chinois (en Grèce, en Italie, en France, au Portugal), ce qui leur a donné une grande visibilité.  Certaines opérations portent sur des infrastructures considérées comme stratégiques, telle la concession obtenue par la société de transport chinoise Cosco pour moderniser et gérer le port de conteneurs du Pirée.  Ou elles visent des sociétés dont la marque est emblématique, telle United Biscuits, ou Volvo achetée en 2009.

Enfin, en achetant, cette année, des titres de dette publique espagnole (pour 400 millions d'euros) et en annonçant son intention de se porter acquéreur de dette publique grecque et portugaise, si cela était nécessaire, la Chine s'est positionnée en partenaire soucieux de contribuer à la stabilité de la zone euro.

En 2010, les investissements chinois en Europe ont doublé par rapport à 2009 et atteint 3,2 milliards d'euros (deux fois le montant des investissements chinois aux États-Unis). Cet essor récent n'a rien d'étonnant, étant donné la capacité financière de la Chine (au cinquième rang des investisseurs internationaux, après les États-Unis, la France, le Japon et l'Allemagne) et les besoins de financement des entreprises et États européens frappés par la crise.

La Banque centrale chinoise cherche d'une part à diversifier le placement de ses immenses réserves de change (2500 milliards de dollars actuellement) vers d'autres monnaies que le dollar américain. Elle détient déjà 630 milliards de dollars de créances en euros et elle a donc tout intérêt à la stabilité de la monnaie européenne (comme à celle du dollar).

D'autre part, pour rééquilibrer la balance des paiements très excédentaire du pays, le gouvernement incite les entreprises à investir à l'étranger ; et l'Europe, premier marché d'exportation, est une cible naturelle.

Cependant, les investissements chinois restent encore faibles, puisqu'ils représentent seulement 1 % des investissements étrangers en Europe en 2009. Ni leur nature ni leur ampleur ne paraissent devoir susciter des inquiétudes. Ils ont toute chance de s'accroître au cours des années qui viennent et peuvent être un apport positif pour les économies européennes, même si ces opérations impliquent d'inévitables erreurs et déceptions, de part et d'autre.

Reste à savoir si, en s'internationalisant, les entreprises chinoises vont progressivement développer une gestion plus transparente et distendre leurs liens souvent étroits avec le pouvoir, deux conditions pour que leur présence se banalise. En intervenant pour soutenir la stabilité économique de la zone euro, le gouvernement chinois renforce son influence en Europe et sa position dans les négociations internationales. Il peut tenter de fissurer le front États-Unis / Union européenne qui s'efforce d'imposer une réévaluation du yuan. Sur certains dossiers à l'ordre du jour du G20, comme la réforme du système financier international et la diversification des monnaies de réserves, les objectifs de la Chine peuvent rejoindre les préoccupations de pays européens.