Depuis plusieurs semaines, je me questionne en tant qu'utilisateur du métro de Montréal sur la surabondance de publicités que l'on y retrouve et sur l'impact d'une telle présence sur l'ensemble des usagers.

Depuis plusieurs semaines, je me questionne en tant qu'utilisateur du métro de Montréal sur la surabondance de publicités que l'on y retrouve et sur l'impact d'une telle présence sur l'ensemble des usagers.

En fait, la première fois que je me suis réellement intéressé à ce sujet, c'est au moment où j'ai vu passer un wagon de métro complètement recouvert des couleurs de la compagnie Telus. Je me trouvais alors à la station Berri-UQAM, direction Angrignon. Dès que je me suis demandé si cette publicité n'était pas exagérément exposée, j'ai levé les yeux en direction du mur en face de moi. J'y ai remarqué (remarqué à la différence de voir, puisque cette publicité était présente sur ce mur depuis plusieurs semaines déjà) une immense affiche (je pourrais même employer le mot gigantesque) d'une compagnie de vêtement. Ces deux éléments associés à tous les espaces réservés à la publicité dans le métro de Montréal m'ont fait me demander s'il n'y avait pas une saturation de messages commerciaux.

Puis, on annonçait il y a quelques jours que la Société de transport de Montréal était en pourparlers avec des sociétés privées afin de commanditer, dans un proche avenir, les lignes de métro que l'on nomme encore à ce jour: orange, verte, bleue et jaune. Pourquoi se choquer d'une telle annonce? La STM doit combler ses déficits, faire des profits; elle cherche donc des ouvertures là où elles se trouvent. Peut-on blâmer la société publique pour de telles initiatives? Oui, dans la mesure où elle semble délaisser le côté «public» pour tomber dans la privatisation indirecte et l'appauvrissement de la culture.

Un utilisateur de la route se choquerait-il si, du jour au lendemain, les rues prenaient le nom de sociétés privées? Le boulevard René-Lévesque pourrait bien devenir le boulevard Bell Canada ou encore le boulevard Sun Life; personne ne s'en préoccuperait. Bien au contraire, si les municipalités du Québec commençaient à vendre les noms de rues au rabais pour combler leurs déficits budgétaires, les gens sortiraient dans la rue et manifesteraient haut et fort contre ces projets.

Rappelons-nous il y a quatre ans, lorsque des membres du conseil de ville de Montréal désiraient changer le nom de l'avenue du Parc en boulevard Robert-Bourassa. La population de l'arrondissement Saint-Laurent s'était farouchement opposée à ce changement «culturel» et avait gagné sa cause. Bien sûr, il s'agissait d'un changement de nom public pour un autre, mais imaginez les réactions si cela devait survenir entre le public et le privé. La STM semble pourtant emprunter cette voie.

Pour respecter à la fois son devoir public et ses usagers, la société de transport devrait plutôt songer à changer les noms des lignes de métro en noms significatifs pour la collectivité et représentatifs de la culture montréalaise et québécoise.

Un dernier mot à Michel Labrecque, président du conseil d'administration de la STM: j'espère que vous prendrez en considération cet aspect culturel avant d'entreprendre la modification des noms de lignes, car le métro de Montréal demeure un bien public et doit représenter les intérêts de la population et non ceux des entreprises privées qui saturent déjà votre réseau.