Si les Américains ont plané doucement vers l'élection présidentielle de 2008, la plupart d'entre eux de plus en plus emballés à l'idée d'une victoire historique de Barack Obama, ils titubent aujourd'hui vers les élections de mi-mandat au Congrès, la plupart, de plus en plus maussades.

Si les Américains ont plané doucement vers l'élection présidentielle de 2008, la plupart d'entre eux de plus en plus emballés à l'idée d'une victoire historique de Barack Obama, ils titubent aujourd'hui vers les élections de mi-mandat au Congrès, la plupart, de plus en plus maussades.

Les sondages prédisent une importante défaite pour M. Obama, mardi prochain. Disparue l'idée qu'un mortel pouvait résoudre tous les problèmes des États-Unis. Disparu en bonne partie l'espoir qui galvanisait des millions de personnes. Disparue la vertigineuse popularité qui faisait dire, en janvier 2009, aux républicains et aux humoristes: «Mais comment pourrons-nous jamais critiquer cet homme, à plus forte raison en rire?» Disparu l'optimisme du «Oui, nous pouvons» (Yes, we can) maintenant que de plus en plus d'Américains ont adopté la vision du «Non, nous ne pouvons pas». Et disparu peut-être bientôt le pouvoir qu'offrait à M. Obama la majorité démocrate au Congrès.

Lorsqu'il a eu à présenter Barack Obama dans le cadre d'un événement, l'acteur Jamie Foxx a demandé aux démocrates de Los Angeles de chanter: «Nous ne sommes pas épuisés.» Même le New York Times, reconnu pour appuyer M. Obama, a qualifié le chant de «cri de ralliement équivoque, si tant est que c'en fût un».

Ce qui a le plus retenu l'attention, pour les élections de mi-mandat, ce sont les questions de politique intérieure, plus particulièrement les soins de santé, les taxes, l'immigration et le mariage homosexuel. Les défis que présentent l'Iran, l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan ont été relégués au second plan. La crise économique a de nouveau provoqué une crise de confiance. Les Américains ne voient pas les hauts et les bas en économie comme un phénomène cyclique, mais plutôt comme un cataclysme. Pour une nation accro à la prospérité et au succès, les temps durs sont particulièrement durs.

Le programme libéral de Barack Obama et l'obstructionnisme républicain n'ont pas encore réussi à stimuler l'économie, mais ils ont réussi à provoquer dans tout le pays un débat intense sur le rôle du gouvernement. Au moment où la campagne a atteint son niveau le plus bas quand Christine O'Donnell, qui se présente au Sénat dans le Delaware, s'est sentie forcée de préciser: «je ne suis pas une sorcière», le conflit idéologique est profond. Les Américains en sont encore à débattre des questions qu'avait soulevées l'élection de Ronald Reagan en 1980. M. Obama semble avoir mal interprété son mandat de remplaçant de George W. Bush et avoir considéré qu'il avait obtenu le mandat de restaurer l'État fort qui avait engendré la révolution reaganienne.

Et pourtant, malgré les faux pas de M. Obama, malgré qu'il soit passé de «candidat qui ne peut pas se tromper» à «président dont des millions de personnes pensent qu'il ne peut rien faire de bon», M. Obama demeurera une grande force politique au lendemain de l'élection.

Le président pourrait décider de jouer au centre, comme l'avait fait Bill Clinton après sa défaite au Congrès en 1994. Ou il pourrait croire en la possibilité d'un renouveau économique, comme l'avait fait Ronald Reagan après sa défaite au Congrès en 1982. En 1984, quand M. Reagan s'est présenté pour un second mandat, l'économie était florissante et il pouvait célébrer le «Morning in America».

Mais Barack Obama reste l'homme le plus puissant des États-Unis, et un politicien qui excelle dans les campagnes électorales. Il est frappant de voir que le visage de M. Obama ne figure pas sur la plupart des annonces républicaines attaquant les démocrates. Ce qui montre bien que les républicains considèrent encore le président comme une personnalité populaire.

Si, avec tout ce qui s'y passe, chaque jour semble durer toujours à la Maison-Blanche, deux ans, c'est une éternité. Barack Obama a encore beaucoup de temps pour régler des problèmes... et beaucoup de temps pour empirer les choses. Peu importe ce qui arrivera mardi, son défi sera de changer la perception de son mandat, de revenir à la magie de 2008 et d'aider les Américains à s'extraire de la fange dans laquelle ils ont baigné en 2010.