Après les nouvelles sanctions de l'ONU, en juin dernier, de nouvelles négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire devraient reprendre dans les prochaines semaines. Ce sera l'occasion de mesurer l'efficacité des dernières sanctions.

Après les nouvelles sanctions de l'ONU, en juin dernier, de nouvelles négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire devraient reprendre dans les prochaines semaines. Ce sera l'occasion de mesurer l'efficacité des dernières sanctions.

On sait que depuis le début de son mandat, Barack Obama a nettement affirmé qu'un Iran doté de l'arme nucléaire était « intolérable » pour les États-Unis et qu'en cas d'échec de la diplomatie et des sanctions, Washington gardait ses options ouvertes. Il a laissé au secrétaire à la Défense Robert Gates le soin d'évoquer explicitement l'option militaire.

Or, à la fin de l'été, des divergences importantes sont apparues entre MM. Obama et Gates quant au seuil de tolérance de Washington pour envisager une action militaire.

Selon M. Gates, la « ligne rouge » serait la conservation par l'Iran de son actuel stock d'uranium enrichi. Son niveau d'enrichissement est encore très inférieur aux nécessités de la bombe, mais la quantité est estimée suffisante pour pouvoir atteindre le niveau critique, à moyenne échéance, si l'Iran poursuit ses activités d'enrichissement.

Cette ligne rouge n'est pas terriblement alarmante, car elle cadre avec le compromis que le président Mahmoud Ahmadinejad avait accepté en octobre dernier avant de reculer. Téhéran avait accepté que l'essentiel de son stock d'uranium soit exporté à l'étranger pour lui être ensuite retourné enrichi à un niveau supérieur utilisable à des fins civiles, mais techniquement bloqué pour un enrichissement ultérieur jusqu'au niveau nécessaire à la bombe.

On aurait ainsi pu tolérer que l'Iran poursuive pour un temps tout au moins, ses activités d'enrichissement qu'elle refuse de suspendre. Malgré les propos provocants de M. Ahmadinejad, une réédition de ce compromis avorté demeure possible.

Mais advenant même un échec, Obama a refusé de tirer quelque « ligne rouge » que ce soit. Il a été clair là-dessus lors d'une rencontre avec un groupe sélectif de journalistes le 4 août. Il a affirmé qu'il fallait distinguer entre la « capacité de développer des armes nucléaires » et « une décision de se doter d'armes nucléaires ». La distinction est capitale et hautement significative.

La plupart des universitaires iraniens que j'ai rencontrés à Téhéran en mai dernier sont persuadés qu'aucune décision dans ce sens n'a été prise, mais que le but irréversible des autorités est de faire de l'Iran un « État nucléaire virtuel ». Un État comme le Canada qui maîtrise tout le processus d'enrichissement de l'uranium et qui accepte de ne l'utiliser qu'à des fins civiles. Ils se disaient convaincus que si les États-Unis acceptaient cela, l'Iran serait immédiatement disposé à se soumettre au protocole additionnel de contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique. N'y ayant pas souscrit, Téhéran ne s'estime pas lié par ses exigences et se soumet au  plus strict minimum des exigences précédentes ; ce qui entretient méfiance et soupçons.

Washington et surtout son allié israélien ne sont pas prêts à voir l'Iran devenir un « État nucléaire virtuel ». Leur refus tient à ce que selon les termes du Traité de non-prolifération, tout membre a le droit de s'en retirer après un avis de trois mois seulement, en invoquant des circonstances exceptionnelles. Dans ces conditions, l'Iran se trouverait à pouvoir garder ses options ouvertes pour l'avenir.

La position personnelle et les propos d'Obama sont certes rassurants pour ceux qui, comme lui, redoutent les conséquences déstabilisatrices colossales que pourraient entraîner dans tout le Moyen-Orient des attaques militaires contre l'Iran. Mais ils ne constituent certainement pas encore la politique officielle des États-Unis.

On voit mal comment il pourrait même les répéter, si à la suite des imminentes élections de mi-mandat, les démocrates  perdaient le Congrès, comme tout semble l'indiquer. Avec les républicains ayant le vent en poupe et des pressions croissantes d'Israël, même la « ligne rouge » de Gates risque d'être dénoncée comme trop basse.