Le dossier des écoles passerelles me touche particulièrement, car j'ai pu bénéficier dans mes premières années d'une telle école, ce qui m'a permis d'être parfaitement bilingue aujourd'hui.

Le dossier des écoles passerelles me touche particulièrement, car j'ai pu bénéficier dans mes premières années d'une telle école, ce qui m'a permis d'être parfaitement bilingue aujourd'hui.

Depuis mon entrée à l'école anglaise, mes parents n'ont cessé de me répéter qu'un jour, je leur serais reconnaissante de m'y avoir envoyée. Mais ce n'est qu'aujourd'hui, alors que je commence mes études universitaires, que je me rends compte du très gros avantage que je possède.

En effet, la majorité de nos livres sont en anglais, tous les sites d'informations sont en anglais et la langue universelle de communication entre les scientifiques est l'anglais. Je regarde mes compatriotes de classes qui sont ralentis dans leurs études par leur difficulté à lire nos ouvrages de référence et je me trouve si chanceuse de maîtriser l'anglais.

Même si j'ai pu bénéficier d'une école passerelle et que c'est le plus beau cadeau que mes parents aient pu m'offrir, je m'oppose à la loi 115. Elle aura pour conséquence que seules les familles les plus riches pourront envoyer leurs enfants à l'école anglaise alors que les autres n'en auront pas les moyens. Nous divisons encore le peuple entre riches et moins riches.

Je comprends que les Québécois veuillent le meilleur pour leurs enfants, ils veulent qu'ils puissent sortir de la province et pouvoir se faire comprendre, qu'ils puissent aller étudier dans les plus grandes universités en Amérique du Nord, qu'ils puissent élargir leurs horizons. En d'autres mots, qu'ils soient bilingues.

Maîtriser le français, c'est bien, mais ne maîtriser que cette langue nous restreint parce que le Québec est entouré d'anglophones. Cette possibilité d'être bilingue ne devrait pas être accessible qu'aux familles les plus riches.

Si la loi 101 était modifiée, nous n'aurions même pas besoin de faire passer cette loi 115. Les familles qui se sont battues pour faire rouvrir les écoles passerelles n'auraient pas besoin d'une telle loi si l'apprentissage de l'anglais était modifié dans les écoles. Ces gens s'opposent à la loi 101, car elle empêche les jeunes d'ouvrir leurs horizons. Attention, je ne parle ici en aucun cas contre la loi 101. Cette loi existe pour protéger notre belle langue et je suis totalement en accord avec la nécessité d'une telle loi. Par contre, elle devrait servir à préserver le français et non à nous empêcher d'apprendre l'anglais !

Il est important que tous les Québécois maîtrisent le français. C'est pourquoi obliger les jeunes à aller à l'école française est une très bonne idée. Là où les choses se gâtent, c'est lorsque vient le temps d'apprendre l'anglais. Or les cours d'anglais au primaire et au secondaire laissent sérieusement à désirer ! Pas dans la qualité des cours, mais plutôt dans leur quantité. Il devrait y en avoir beaucoup plus.

Ma cousine termine présentement ses études secondaires. Elle suit des cours d'anglais depuis que l'école en offre, en 4e année je crois. Et pourtant, je suis incapable d'avoir une conversation avec elle en anglais ! Plus aberrant encore, ma meilleure amie étudie en médecine à l'Université Laval. Fille très brillante, elle a fréquenté l'école française depuis la maternelle et a donc suivi tous les cours d'anglais du ministère, ainsi qu'un programme d'immersion anglaise au secondaire. Pourtant, en rentrant à l'université, on l'a obligé à suivre un cours d'anglais, car on jugeait que ses connaissances n'étaient pas suffisantes. On peut se demander pourquoi son anglais est si mauvais !

En fait, les familles qui se sont battues pour la loi 115 ne veulent qu'une chose : que leurs enfants soient parfaitement bilingues à la fin de leurs études. Malheureusement, comme l'école française n'offre pas des cours d'anglais qui donnent de bons résultats, elles sont forcées d'envoyer leurs enfants à l'école anglaise.

Voici ce que je propose : au lieu de passer une loi qui permet aux riches d'être bilingues et aux moins riches de ne pas l'être, améliorons les cours d'anglais au primaire et au secondaire. Offrons beaucoup, beaucoup plus de cours. Les enfants devraient être capables de tenir une conversation en anglais en sortant du primaire. Essayons donc de préserver notre belle langue sans pour autant s'empêcher d'en apprendre d'autres !