On a regardé les matchs hors concours, décortiqué les rencontres intra-équipes, sur-analysé les entraînements facultatifs. Le moment est enfin arrivé. Le Québec tout entier va s'arrêter aujourd'hui, le temps de regarder le Canadien amorcer sa saison. Mais personnellement, je ne serai pas à l'écoute. Samedi non plus, ni aucun soir par la suite. Moi, l'avide amateur de sport, j'ai décidé de ne pas suivre le Canadien cette saison. Pourquoi? «Canadienite» aiguë. Ou comme on dit dans la (future) langue du capitaine Brian Gionta, je ne suis plus capable d'entendre parler du Canadien!

On a regardé les matchs hors concours, décortiqué les rencontres intra-équipes, sur-analysé les entraînements facultatifs. Le moment est enfin arrivé. Le Québec tout entier va s'arrêter aujourd'hui, le temps de regarder le Canadien amorcer sa saison. Mais personnellement, je ne serai pas à l'écoute. Samedi non plus, ni aucun soir par la suite. Moi, l'avide amateur de sport, j'ai décidé de ne pas suivre le Canadien cette saison. Pourquoi? «Canadienite» aiguë. Ou comme on dit dans la (future) langue du capitaine Brian Gionta, je ne suis plus capable d'entendre parler du Canadien!

La couverture médiatique accordée au Tricolore a atteint des proportions tout à fait stupéfiantes. Entendons-nous bien: que RDS et CKAC Sports soient à toutes fins utiles des divisions du département de marketing du CH, tant par le volume de la couverture accordée à l'équipe que par sa complaisance, soit. Mais là où le bât blesse, c'est que les médias dits généralistes sont, sauf quelques rares exceptions, tout aussi groupies que les médias qui ne se consacrent qu'à la chose sportive. Le Tricolore est partout, omniprésent, omnipotent. Impossible de l'ignorer.

Ivre de l'amour du public et de la dévotion des médias, l'organisation du Canadien est au faîte de sa puissance et de son arrogance. Le genre d'arrogance qui vous permet d'accepter les bénéfices qui accompagnent le fait d'être un symbole de réussite québécoise, sans assumer les responsabilités qui viennent avec. Par exemple, maintenir dans l'alignement un nombre acceptable de joueurs québécois.

Lorsque la question est soulevée, l'organisation a une réponse toute prête: «Peu importe la provenance des joueurs, l'important c'est que l'équipe gagne.» L'argument semble fort lorsque repris en coeur par les fans qui l'ont avalé goulûment. Un seul problème: elle ne gagne pas très souvent, cette équipe. Le tricolore n'a fait mieux qu'une septième place au classement de l'Est qu'une fois depuis l'an 2000, et Robert Bourassa était au pouvoir à Québec la dernière fois que le bleu-blanc-rouge a atteint la finale de la coupe Stanley. Mais l'aréna est toujours plein, les gens célèbrent dans les rues dès que l'équipe remporte une ronde de séries, et les souvenirs frappés du nom des joueurs (peu importe leur provenance) se vendent comme des petits pains chauds. Le public est prêt à se contenter de tellement peu, pourquoi l'organisation lui offrirait-elle un bon produit sur la glace et/ou des joueurs locaux?

Voilà, en un mot comme en mille, j'en ai ras-le-bol de voir toute une province être obsédée par cette équipe plutôt médiocre. Quand le Canadien aura repris un peu de tonus, aura redécouvert que le Québec produit des joueurs de hockey, et quand les médias auront réappris à s'intéresser à autre chose qu'à nos Glorieux, j'y reviendrai. Mais pour se guérir de la «canadienite» aiguë, ça prend un sevrage.

Et ça commence aujourd'hui.