C'était prévisible et écrit dans le ciel de Québec depuis plusieurs jours déjà: la Marche bleue en faveur de la construction d'un nouveau Colisée à même les fonds publics allait être un succès. Et ce fut le cas.

C'était prévisible et écrit dans le ciel de Québec depuis plusieurs jours déjà: la Marche bleue en faveur de la construction d'un nouveau Colisée à même les fonds publics allait être un succès. Et ce fut le cas.

C'est l'inverse qui aurait été surprenant. On connaît la recette à Québec. Il suffit que certaines stations de radio, toujours les mêmes, ameutent la population pour la cause et des dizaines de milliers de personnes répondent à l'appel. Le succès était d'autant plus assuré cette fois-ci que l'empire Quebecor était lui aussi descendu dans la mêlée, question de s'assurer que les intérêts du grand patron soient bien défendus.

L'attitude des médias de Quebecor au cours des derniers jours dans ce dossier a été très révélatrice des conséquences néfastes de la convergence. L'espace occupé dans les journaux et sur l'internet de Quebecor, ainsi que le temps d'antenne dans les bulletins de nouvelles consacrés à la couverture de la Marche bleue ou au dossier du Colisée, n'a plus rien à voir avec l'information. Les médias de Quebecor et ses journalistes ont désormais franchi le Rubicon et le droit du public à l'information a cédé la place au droit du grand patron PKP de les utiliser à sa guise pour arriver à ses fins. Entre l'information et la propagande, tous les genres sont désormais mélangés chez Quebecor.

Dans ce contexte, soumise à une pression médiatique sans borne, la population de Québec a réagi comme l'on attendait d'elle. Elle est sortie en masse dans la rue pour réclamer la construction de ce Colisée à même les fonds publics pour assurer le retour de ses Nordiques.

Elle l'a fait avec la même conviction que le 12 avril 2010, habillée de rouge cette fois-ci et non pas de bleu, lorsqu'elle exigeait la fin des dépenses publiques abusives et la réduction de l'État québécois supposément devenu trop lourd sur les épaules des contribuables. Cherchez l'erreur...

Et que dire de cette population qui approuve le premier ministre Jean Charest, prêt à payer 45% d'une facture dont il ne connaît pas le coût final, alors qu'il y a 18 mois, elle demandait la tête de son ministre des Finances pour ses hausses d'impôt et de taxes?

Et tout cela se passe pendant que le personnel est à bout de souffle dans nos établissements hospitaliers faute de financement suffisant, nos personnes âgées reçoivent un minimum de soins dans les CHSLD, et le personnel de l'éducation se plaint de ne pouvoir accompagner efficacement nos élèves vers la réussite, faute de ressources suffisantes.

Mais qu'à cela ne tienne, il n'y a pas de Marche bleue sur les Plaines pour dénoncer le sous-financement chronique de nos écoles et de nos hôpitaux. Et il y a fort à parier que s'il y en avait une, jamais elle ne recevrait des médias de Quebecor une couverture médiatique semblable à celle des derniers jours.

Bien avant nous, il y a longtemps, l'Empire romain avait compris qu'il suffisait d'amuser le peuple pour s'assurer de son asservissement. Aujourd'hui, la population de Québec réclame à son tour du pain et des jeux, parce que les médias de Quebecor et certaines radios influentes préfèrent l'amuser plutôt que l'informer, quitte à lui faire oublier les vrais enjeux sociaux négligés. Ce qui fait bien l'affaire d'un Jean Charest pour qui toute cette agitation médiatique a effacé de l'actualité et des esprits la corruption de son propre régime. La recette a fait ses preuves: les Césars l'utilisaient déjà pour faire oublier la corruption et la chute de leur empire.