À propos de l'industrie du gaz de schiste, il était écrit dans La Presse de samedi dernier: «Si le Québec devait nationaliser l'industrie naissante du gaz de schiste, comme certains le suggèrent, il ne faudrait pas qu'il attende trop longtemps. Car plus le temps passe et plus le rachat des entreprises de ce secteur sera coûteux.»

À propos de l'industrie du gaz de schiste, il était écrit dans La Presse de samedi dernier: «Si le Québec devait nationaliser l'industrie naissante du gaz de schiste, comme certains le suggèrent, il ne faudrait pas qu'il attende trop longtemps. Car plus le temps passe et plus le rachat des entreprises de ce secteur sera coûteux.»

Et le temps qui passe est comme celui qui s'est passé. C'est-à-dire que la grande majorité des Québécois n'était pas au courant de cette industrie et n'en sait pas beaucoup plus maintenant. Ce qui est pétant de clarté, cependant, c'est l'extraordinaire profit à tirer de cette industrie. Sinon qui, de la finance et de l'industrie, aurait investi des millions dans une incertitude gazière, énergétique à même le sol du Québec? On serait rendu à hauteur de 100 millions, uniquement chez Junex d'André Caillé, l'ancien PDG d'Hydro-Québec qui nous disait savoir «que les Québécois veulent payer leur électricité moins cher» mais que lui savait «le prix qu'il nous faudrait payer». Et il n'était pas un élu. On lui doit les recommandations des augmentations du prix de l'électricité. Il est même suggéré que le rachat de Junex-Caillé passerait par une prime de 50% sur le capital boursier de 100 millions; donc, il s'agirait de 150 millions en cause.

Mais qui dit qu'il faudrait que le Québec fasse un cadeau de 50% à une entreprise et ses actionnaires? Et pourquoi? C'est en silence public que les multiples permis de forage, minage et d'exploitation ont été accordés. Et le financement est tombé tout de suite dans la capitalisation boursière. En bourse, on s'entend, quand les millions débarquent, on ne parle plus d'exploitation minière, ni de RÉA, ni de risques. On cause profits! Et de gros profits.Quand la nationalisation de l'électricité de 1962-1963 est arrivée, il était tard, et cela a coûté 604 millions (en dollars d'aujourd'hui, on parlerait de plus de 40 milliards). La nationalisation n'aurait pas été possible sans la loi 17, adoptée en 1944, qui donne le pouvoir «d'étatiser» (c'est le mot en usage à cette époque) le secteur électrique. La loi 17 crée Hydro-Québec, celle qui engrangera les multiples milliards de profits (redevances) au bénéfice des Québécois. Celle qui nous permet de ne pas payer notre richesse au prix concurrentiel. Comme les Albertains ne paient pas leur essence au prix concurrentiel.

Qui donc aura le courage politique de promouvoir une loi autorisant la nationalisation de cette richesse énergétique qu'est le gaz de schiste? Le gouvernement actuel? La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a clairement indiqué qu'il n'en était pas question pour son gouvernement. Alors, allons donc en élections là-dessus! Ce n'est pas un référendum. Ce sera très payant pour les Québécois qui pourront établir tout un réseau de compétences, d'emplois, d'infrastructures, pour eux, pour leur bénéfice.

Au surplus, cela permettra de voir clair au sujet des liens effectifs ou affectifs entre le gouvernement actuel et le monde de la finance et de l'industrie. Tout comme cela forcera les partis de l'opposition à étudier la question et de prendre position. Les Québécois décideront ensuite. Mais ils sauront. Ils sauront qui est en cause là-dedans, qui a investi combien, comment ils s'y sont pris, quelle a été la stratégie, qui a produit les études de rentabilité, qui a produit les modèles d'affaires, qui a fait le lobbying obligatoire dans ces affaires, qui est de quel côté.

On est trop souvent crédule au Québec, mais on n'est pas des valises. En tout cas, on n'a pas de poignées soudées dans le dos.