La lecture de l'article sur les parents à bout me ramène quatre ans en arrière, à une époque où tout ce que j'aurais souhaité, c'est me réfugier dans ma garde-robe pour reprendre mon souffle un moment... ou peut-être même y rester!

La lecture de l'article sur les parents à bout me ramène quatre ans en arrière, à une époque où tout ce que j'aurais souhaité, c'est me réfugier dans ma garde-robe pour reprendre mon souffle un moment... ou peut-être même y rester!

Notre histoire a eu une fin heureuse, car notre fille de 19 ans est en première année de psychologie à l'université. Mais ça n'a pas été facile, ni pour notre fille ni pour nous!

Jamais je ne jugerai un parent, peu importe qu'il ait mis son enfant dehors, qu'il travaille trop, qu'il soit chez sa blonde... C'est trop facile! Il s'agit plutôt d'un mal social. Il y a un monde entre nos adolescents et nous. Un monde virtuel qui nous dépasse au-delà de ce qu'on peut imaginer. Ce monde n'a plus de limites pour nos jeunes. Ils ont accès à tout, à toute heure du jour.

Et leurs droits, les jeunes les connaissent ! Mais quels sont ceux des parents ? Ils n'ont pas le droit d'exiger à leur enfant de 14 ans et plus de consulter un psychologue ; de consulter leur dossier médical afin de savoir s'il y a un problème de dépression, de signe de bipolarité ou toute autre atteinte qui pourrait expliquer la détresse de leur enfant ; de savoir si leur enfant est enceinte...

À l'époque, nous avions fait plusieurs démarches: DPJ, police, CLSC, médecin spécialisée en problème d'adolescence, parents-secours, travailleuse sociale privé. Notre crainte principale reposait sur une possibilité d'influence par un gang de rue, car notre fille avait changé du jour au lendemain (ses notes passant de 90% à 70%, propos orduriers, habillement différent, agressivité...). Mais la réponse restait toujours la même: «Votre fille doit venir nous rencontrer d'elle-même.» Jusqu'au jour où, à la suite d'un calage, notre fille se retrouve dans un état semi-comateux. Nous l'amenons donc d'urgence au CLSC où le travailleur social demande à notre fille: «Es-tu ici de ton plein gré?» La rencontre s'est arrêtée là!

C'est à force de nous battre que nous avons fini par obtenir de l'aide de notre médecin de famille qui avait une expertise auprès des adolescentes. Notre fille avait finalement accepté d'être suivie par cette docteure. De notre côté, nous avions obtenu de l'aide du CLSC. Mon mari et moi avons rencontré une travailleuse sociale et participé à des discussions hebdomadaires avec des parents dans notre situation.

On nous a conseillé d'éloigner notre fille de notre ville pour un moment. Je suis partie travailler un mois avec ma fille dans une autre province pendant que mon mari s'occupait des deux autres enfants. Tout allait bien jusqu'au soir où la fille de mon amie invite la mienne à une soirée chez elle. J'accepte. Deux heures plus tard, on m'appelle : ma fille était plongée dans un coma éthylique! Elle est restée neuf heures entre la vie et la mort. Jamais je n'oublierai cet état d'âme où on croit que la vie est finie. C'est probablement cet événement qui, tranquillement, a ramené les choses à leur place. Mais non sans pleurs et grincements de dents.

Nous avons toujours été présents pour nos enfants. Mais il y a quelque chose qui nous a échappé. Aujourd'hui, nous savons qu'une des causes probables a été le harcèlement psychologique subi par notre fille depuis l'âge de 9 ans. Elle avait tous les talents: pianiste chevronnée, chanteuse classique impressionnante, danseuse magnifique, étudiante performante... et les filles de son entourage avaient décidé de la casser! La scène classique des films d'adolescents: toutes les filles se lèvent de table à l'arrivée de votre fille!

Je rejette toute insinuation mettant le blâme sur les parents. Si un parent décide d'appeler à l'aide, c'est significatif d'une situation d'urgence. Il ne mérite pas qu'on porte un jugement sur lui ! L'enfant-roi, ce n'est pas le parent qui l'a conçu, c'est la société! La preuve en est qu'il a tous les droits et plus encore!