Les pratiques suivantes ne sont pas des gestes de torture : couper une oreille ou un nez, trancher ou paralyser une langue, crever un oeil, couper ou paralyser un membre, asperger un détenu d'eau bouillante ou de matière corrosive. Aussi horribles soient-elles, ces pratiques ne sont pas qualifiées de torture par le Pentagone.

Les pratiques suivantes ne sont pas des gestes de torture : couper une oreille ou un nez, trancher ou paralyser une langue, crever un oeil, couper ou paralyser un membre, asperger un détenu d'eau bouillante ou de matière corrosive. Aussi horribles soient-elles, ces pratiques ne sont pas qualifiées de torture par le Pentagone.

À l'automne 2002, les hautes instances du gouvernement américain ont discuté de ce que les « interrogateurs » peuvent faire subir aux détenus en Afghanistan et à Guantánamo. Les avocats du Pentagone ont alors redéfini le mot «torture». Une correspondante de la revue New Yorker, Jane Mayer, a mis la main sur un document qui devait être secret. Elle a expliqué, dans une entrevue accordée à la CBC, que les avocats ont cherché à justifier des pratiques jusque-là illégales aux États-Unis (et ailleurs!). La torture est toujours illégale, mais selon la nouvelle définition du Pentagone, il n'y a torture que si la douleur infligée entraîne la défaillance d'un organe ou une mort appréhendée. Cela laisse beaucoup de latitude à un tortionnaire imaginatif!

Le juge militaire de Guantánamo, Patrick Parrish, a décidé d'admettre les aveux d'Omar Khadr, réfutant que ceux-ci aient été obtenus sous la contrainte. Le contexte de révision du terme «torture» nous donne un nouvel éclairage sur la décision de M. Parrish. Si vous ne croyez pas qu'Omar Khadr ait été victime de mauvais traitements en prison, vous devriez peut-être entendre ce qu'en dit Damien Corsetti. Cet ex-soldat américain, qui a interrogé Khadr avant le transfert des détenus à Guantánamo, admet maintenant que les techniques utilisées étaient de la torture.

Je ne dis pas qu'on doive laisser les terroristes en liberté. Mais c'est à la cour (une cour de justice impartiale) de déterminer de la culpabilité ou de l'innocence d'un accusé, selon les preuves obtenues. En plus d'être inhumain et interdit par la convention de Genève, la torture n'est pas une technique d'interrogation qui amène de véritables aveux. Combien de temps un humain peut-il tenir avant d'admettre n'importe quel crime pour qu'on cesse de le maltraiter? Je ne tiendrais pas une heure.

J'ignore si Omar Khadr est coupable ou innocent. Mais la chasse aux terroristes ne justifie pas tout. Où s'en va la démocratie si les États se permettent de torturer des détenus et condamner n'importe quel accusé avant même d'avoir entendu sa cause? J'espère que dans le «plus» meilleur pays du monde, on croit encore à la justice et aux droits humains.