J'ai un profond respect pour le travail effectué par tous les policiers aux quatre coins du pays. Ainsi, les événements des derniers jours impliquant le surintendant principal de la Gendarmerie royale du Canada, Marty Cheliak, me préoccupent grandement.

J'ai un profond respect pour le travail effectué par tous les policiers aux quatre coins du pays. Ainsi, les événements des derniers jours impliquant le surintendant principal de la Gendarmerie royale du Canada, Marty Cheliak, me préoccupent grandement.

En tant que directeur général du programme canadien des armes à feu, son travail consistait à superviser le registre des armes à feu du Canada, rôle d'une importance primordiale pour la sécurité publique partout au pays. Ce gestionnaire de talent a d'ailleurs contribué à améliorer l'efficacité du programme, notamment en développant des méthodes d'utilisation du registre qui ont eu pour effet de mieux protéger les agents de police dans l'exercice de leurs fonctions. Cela lui a valu des éloges bien mérités ainsi que le respect des chefs de police et des agents de première ligne d'un océan à l'autre.

Mais, même s'il excellait dans son travail, les conservateurs de Stephen Harper, qui veulent abolir le registre des armes à feu, ont choisi de démettre M. Cheliak de ses fonctions. Il a ainsi rejoint les rangs d'une longue liste de victimes de la culture d'intimidation conservatrice, tout comme l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, le statisticien en chef Munir Sheikh, le président de la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire, le président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, la présidente-directrice générale de la Commission canadienne de sûreté nucléaire Linda Keen, le diplomate Richard Colvin, l'ombudsman des vétérans, le colonel Patrick Stogran, et le président de Droits et Démocratie, Rémi Beauregard.

Nonobstant les motifs évoqués par le gouvernement Harper, il me semble clair que M. Cheliak a été mis au rancart parce que, comme tous les autres mentionnés ci-dessus, il avait décidé de lutter contre les politiques conservatrices néfastes pour le Québec et pour l'ensemble du Canada.

Ce genre de culture d'intimidation, où l'on attaque, congédie, ou humilie les individus qui sont en désaccord avec les intérêts partisans du parti au pouvoir, n'a pas sa place dans une société libre et démocratique comme la nôtre. Elle rappelle d'ailleurs dangereusement l'époque de la Grande Noirceur, dont les Québécois se sont fièrement débarrassés il y a 50 ans.

Le Parti libéral appuie unanimement le registre des armes à feu, et s'est engagé non seulement à le maintenir, mais à l'améliorer. Tout dépend maintenant du NPD : son vote sera crucial, car il décidera du sort du registre des armes à feu, qui sera soit maintenu, soit aboli. Le NPD affirme qu'il ne décidera pas en tant que groupe parlementaire puisqu'il s'agit d'un projet de loi qui émane de la députation. Mais il est évident que le projet de loi visant à abolir le registre des armes à feu émane du gouvernement, sous le couvert d'un projet de loi d'initiative parlementaire. Le NPD se cache derrière une piètre excuse et le fait que Jack Layton et Thomas Mulcair y fassent écho est inacceptable.

Peu d'enjeux sont aussi tranchés que celui-ci en politique. Abolir le registre des armes à feu serait une erreur monumentale. Les conservateurs savent qu'ils sont en train de perdre la bataille. C'est pourquoi ils bâillonnent cette semaine une personne comme le surintendant principal Cheliak. Mais ensemble, nous pouvons faire en sorte que les conservateurs ne s'en tirent pas comme ça. Les conservateurs doivent comprendre que le Québec et le Canada partagent de nombreuses valeurs fondamentales auxquelles on ne peut porter atteinte.