J'ai lu avec intérêt l'article intitulé «La résidence de la discorde» (La Presse, 12 août) ayant pour objet l'opposition de citoyens de Beaconsfield à la construction d'un complexe pour aînés. Mon intérêt a rapidement fait place à l'incrédulité.

J'ai lu avec intérêt l'article intitulé «La résidence de la discorde» (La Presse, 12 août) ayant pour objet l'opposition de citoyens de Beaconsfield à la construction d'un complexe pour aînés. Mon intérêt a rapidement fait place à l'incrédulité.

Comme citoyens, nous allons devoir réfléchir sérieusement au concept de conscience sociale. Nous avons une responsabilité envers nos concitoyens qui doit largement dépasser le «pas-dans-ma-cour».

Ce projet ne concerne pas l'installation d'une entreprise polluante ou bruyante. Non, il est question d'un immeuble sur deux étages destiné à des personnes âgées ! Pincez-moi quelqu'un! Dans quel type de société vivons-nous? Faudra-t-il construire des ghettos, en périphérie des villes, afin d'y installer nos personnes âgées?

Je suis maire d'une ville et je suis fier de dire qu'on peut naître à Vaudreuil-Dorion, y vivre à toutes les étapes de notre vie et y finir nos jours! Il est tout à fait normal pour une personne âgée de vouloir continuer à vivre dans la ville où elle a vécu une partie de sa vie. Les citoyens qui s'opposent à ce projet voudront peut-être un jour s'installer dans cette résidence.

Malheureusement, ce type de situation se reproduit dans plusieurs villes. À Vaudreuil-Dorion, des citoyens viennent de s'opposer à la construction d'une école primaire dans leur quartier avec parc, jeux d'eau et mini-terrains de soccer. Cette école serait construite dans un champ et accessible via une artère principale de la ville et non par les petites rues de quartier. Ils craignent la circulation automobile et la dévaluation de leur maison!

Ce fut la consternation au sein du conseil municipal. Les gens venaient signer le registre tout en étant accompagnés de leurs enfants et certaines femmes étaient enceintes. C'était surréaliste. Un petit groupe de citoyens a véhiculé de fausses informations à savoir qu'il s'agissait d'une école secondaire ou que des condos allaient être construits. Belle manipulation de l'information à des fins personnelles ! Et on dit que les politiciens sont malhonnêtes! Il est inconcevable qu'un petit groupe de citoyens ait autant de pouvoir et qu'il décide de la construction d'une école qui desservira bien plus qu'un petit secteur.

Je crois à la consultation publique, mais il faut aussi faire preuve de jugement et, à un certain moment, prendre des décisions qui ne peuvent faire plaisir à tout le monde. L'économiste Jacques Attali a écrit: «On a intérêt au bonheur des autres, on a intérêt à ce que les autres ne soient pas malades, on a intérêt au succès des autres parce que nous sommes une équipe collective.»

Le droit d'expression et de parole du citoyen fait partie intégrante de notre démocratie et ce droit est essentiel. Par contre, il prend fin quand il est dicté par un intérêt individuel qui fait abstraction de l'intérêt de l'équipe collective.