L'article de Nicolas Bérubé paru ce mardi dans La Presse m'a sidéré. Tout ce que Jacob Tierney trouve à dire sur le cinéma québécois, c'est qu'il est trop blanc et trop francophone. Bien entendu, un peu comme feu Mordecai Richler qui prenait plaisir à utiliser sa notoriété pour dénigrer le Québec à l'étranger, il lance ses anathèmes à partir de Los Angeles mais, contrairement à Richler, je soupçonne que lui, c'est plutôt pour se faire remarquer.

L'article de Nicolas Bérubé paru ce mardi dans La Presse m'a sidéré. Tout ce que Jacob Tierney trouve à dire sur le cinéma québécois, c'est qu'il est trop blanc et trop francophone. Bien entendu, un peu comme feu Mordecai Richler qui prenait plaisir à utiliser sa notoriété pour dénigrer le Québec à l'étranger, il lance ses anathèmes à partir de Los Angeles mais, contrairement à Richler, je soupçonne que lui, c'est plutôt pour se faire remarquer.

Tierney se permet de tout condamner en bloc dans le cinéma québécois. «Trop tourné vers le passé et ignorant les Anglos et les minorités», rien dans le cinéma québécois ne semble trouver grâce à ses yeux. Sans ciller, il prétend retirer à un peuple le droit de se représenter et, à l'occasion, de regarder son passé.

Bien sûr, il y a peu de films d'ici qui parlent des minorités visibles. C'est un peu normal puisque, à quelques exceptions près, leur présence et leur participation à la vie francophone du Québec ne remontent pas si loin et que ces groupes n'ont pas encore développé le genre cinématographique. Par contre, il passe commodément sous silence des films comme L'Ange de goudron, Le Nèg, Mambo Italiano, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, Comment conquérir l'Amérique en une nuit et Congorama. Les a-t-il seulement vus? Bien entendu, ce ne sont pas là des films «oscarisables» et ils ne sont pas tous égaux en qualité, mais ils sont là. Et produits par des cinéastes québécois. Quant à Polytechnique, qu'il cite en exemple négatif, aurait-il souhaité que le cinéaste, pour ne pas oublier les minorités, insiste lourdement sur l'origine maghrébine, la misogynie et le comportement violent de son père, cause possible des problèmes de l'assassin à la carabine? Ou bien aurait-il alors choisi de reprocher au cinéaste un parti-pris anti-immigrants?

Quant aux Anglos-québécois, eux qui ont si bien su se doter d'institutions de haut calibre, comment se fait-il qu'ils ne se soient pas dotés d'un cinéma à l'avenant? Une question de marché, peut-être? Ou encore, justement, «l'attraction Hollywoodienne»? Il y en a combien de «grosses pointures» comme William Shatner, né à Montréal, qui ont fait carrière aux États-Unis au lieu de développer leur art ici? Va-t-il leur chercher noise?

Mais Jacob Tierney ne se prive pas de reprocher aux francophones de ne pas suffisamment intégrer les anglophones dans leur filmographie ! Et surtout, pas un mot sur le récent et très contemporain Bon Cop, Bad Cop. Il y en a combien d'Anglos-québécois qui, avant 1976 et la loi 101, faisaient vraiment partie intégrante de la trame francophone du Québec? Ceci n'expliquerait-il pas cela?

* L'auteur est un ancien secrétaire général de la Fédération des Caisses populaires de Montréal et de l'Ouest-du-Québec et vice-président exécutif du Salon de l'auto.