Alors qu'on en est presque aux deux tiers de la phase de poule de la Coupe du monde de soccer, et bien qu'il soit encore bien trop tôt pour en dresser le bilan, on peut d'ores et déjà dire que cette compétition fait beaucoup de bruit.

Alors qu'on en est presque aux deux tiers de la phase de poule de la Coupe du monde de soccer, et bien qu'il soit encore bien trop tôt pour en dresser le bilan, on peut d'ores et déjà dire que cette compétition fait beaucoup de bruit.

Bien entendu, comment ne pas évoquer comme tout le monde l'hallucinante cacophonie des vuvuzelas? Mais on peut aussi dire que le tournoi est pour le moment, en dépit du peu de buts marqués, un événement très haut en couleur, avec entre autres les nombreux cartons jaunes et rouges qui ont fleuri un peu partout sur les terrains, changeant souvent le cours des rencontres, voire des poules.

Les pays africains peinent

Deux équipes africaines, le Nigéria et l'Afrique du Sud, peuvent en témoigner, puisqu'elles ont été réduites à 10 et défaites dans des matches où l'arbitre a vu rouge. Leur avenir est bien sombre, tout comme celui des Ivoiriens qui avaient bien commencé face au Portugal avant de subir la loi des Auriverde du Brésil. Quant au Cameroun, il a eu le douteux honneur d'être le premier pays officiellement éliminé.

À l'inverse, l'Algérie a maintenant son destin en mains et peut, si elle bat les États-Unis, accéder aux huitièmes de finale, un cap que le Ghana est l'équipe africaine la mieux placée pour atteindre. Les Black Stars peuvent sans doute voir la vie en rose.

Asie: surprises et... déceptions

Côté asiatique, les Diables Rouges de Corée du Sud avaient bien entamé leur tournoi face aux Grecs, avant d'en voir de toutes les couleurs face au déferlement bleu ciel et blanc des Albiceste, les Argentins de Messi. Quant aux Nord-Coréens, ils ont très bien résisté face au Brésil (avant de s'effondrer contre le Portugal), au point de recevoir les louanges de leurs frères ennemis, fait d'autant plus notable vu la tension actuelle entre les deux pays. Pour sa part, le Japon a surpris le Cameroun avant de perdre face aux Oranje des Pays-Bas, mais il conserve ses chances.

Chez les Océaniens, les All White de Nouvelle-Zélande, loin d'être aussi craints que leurs cousins rugbymen, les All Blacks, créent la sensation après avoir tenu en échec les Slovaques puis de pâles Azzurri italiens. Leurs voisins australiens sont par contre en grand danger, après avoir été dynamités par l'Allemagne et réduits à 10 pendant presque tout le match face au Ghana.

La puissance des Sud-Américains

De leur côté, les Sud-Américains tirent très bien leur épingle du jeu. Le Paraguay, l'Uruguay, l'Argentine, le Chili et le Brésil sont soit qualifiés, soit très bien placés. Quant à leurs voisins nord-américains, les États-Unis et le Mexique, ils se portent eux aussi très bien et se sont assurés du contrôle de leur destinée.

Bilan mitigé des équipes européennes

Le bilan des Européens est très mitigé. Slovènes et Serbes s'en sortent relativement bien, tandis que les Oranje néerlandais, sans se presser, sont déjà en huitièmes. Courageuse et opportuniste, la Suisse a su contenir la Marée Rouge espagnole, mais la Furia Roja aura sans doute l'occasion de corriger le tir. Portugais et Grecs sont dans l'expectative, tandis que certaines nations déçoivent beaucoup. Le gardien anglais Green a connu une célébrité instantanée et globale pour l'un des buts les plus spectaculaires jamais accordés en Coupe du monde. Son équipe est en plein doute, tout comme l'Espagne et l'Italie. L'Allemagne n'est pas à l'abri d'une déconvenue.

Pour finir cette revue colorée du déroulement de la phase de poule, comment ne pas évoquer les Bleus de l'équipe de France? Très pâles sur le terrain, ils sont rouges de honte et de déception et ont toutes les raisons de broyer du noir. À défaut de s'exprimer sur le terrain, ils tiennent le devant de la scène médiatique pour les mauvaises raisons et on peut penser qu'ils attendent avec impatience l'entrée en fonction de leur prochain sélectionneur, Laurent Blanc.

* L'auteur est professeur au département de géographie et coprésident de l'Observatoire de géopolitique de la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'UQAM. Amateur de soccer de longue date, il a collaboré au livre «Géopolitique de la Coupe du monde de football 2010» qui vient de paraître aux éditions du Septentrion.