Le 13 juin dernier est décédé à Montréal un grand bâtisseur du Québec moderne. Artisan de la Révolution tranquille, Pierre Martin aura été un infatigable serviteur de l'État.

Le 13 juin dernier est décédé à Montréal un grand bâtisseur du Québec moderne. Artisan de la Révolution tranquille, Pierre Martin aura été un infatigable serviteur de l'État.

Tout au long de son parcours de haut fonctionnaire au gouvernement du Québec (notamment comme sous-ministre du ministère de l'Éducation et vice-président de l'Université du Québec) et de gestionnaire dans le secteur privé (domaines de l'énergie, du transport et de l'immobilier), il a poursuivi inlassablement les objectifs de progrès social, d'innovation et de recherche d'excellence.

Son aisance à passer du secteur public au secteur privé et les succès qu'il a obtenus dans ces deux sphères d'activité pointent vers un profil personnel d'une force rare.

Ce profil se caractérisait par un équilibre parfaitement réussi entre deux pôles. D'une part, sa capacité de concevoir une vision d'ensemble, de moyen et long termes, sur des problèmes sociaux, éducatifs et économiques. D'autre part, son esprit pragmatique orienté vers l'action et la réalisation concrète des choses. La finalisation d'un projet lui apparaissait tout aussi importante que la définition intellectuelle des paramètres qui en soutenaient la réalisation.

Passer de l'un à l'autre de ces pôles dans les réalisations d'envergure qu'il laisse en héritage à la population du Québec a pu s'opérer grâce à ses talents de chef d'équipe capable d'expliquer sa vision et de la faire partager à des centaines de collaborateurs chargés de l'exécution des projets.

Un des secrets de ce leadership unique, le ciment soudant cette passerelle entre la réflexion et l'action, est l'attention portée au choix de ses collaborateurs, le temps consacré à faire émerger une vision commune et la confiance en eux pour la réalisation de leur mandat respectif.

Son leadership a été constamment reconnu non seulement par ses collaborateurs, mais également par ses partenaires d'affaires, ses patrons politiques, les clientèles et les interlocuteurs concernés par des projets. Pour ne citer que l'exemple de la mise sur pied du réseau de l'Université du Québec, il va de soi que ce chantier d'une grande complexité n'aurait pu se réaliser sans l'enthousiasme et la synergie que suscitait cet homme autour de lui.

Dans les grands projets qu'il a dirigés, tous se rappelleront sa modestie, son respect des autres, la clarté de son expression orale et écrite, sa rigueur et sa discipline dans l'analyse des multiples aspects des dossiers (tant légaux, financiers que politiques) ainsi que sa capacité de rêver loin dans le temps et l'espace, en intégrant les dimensions comparatives internationales.

Au moment où les sondages nous indiquent la hausse du cynisme de la population face au service public, où les attentes se font pressantes pour resserrer les règles d'éthique pour les administrateurs publics, où la responsabilité du secteur privé est soulevée dans des dossiers comme la protection des consommateurs et de l'environnement, le parcours de vie et de carrière de Pierre Martin offre un exemple vibrant de l'incarnation des valeurs d'intégrité, d'honnêteté, d'abnégation, de générosité et de sens des responsabilités.