Les sports extrêmes, la glisse et les pratiques urbaines connaissent une popularité phénoménale. Ils sont d'ailleurs en train de faire de l'ombre à certains sports plus «traditionnels».

Les sports extrêmes, la glisse et les pratiques urbaines connaissent une popularité phénoménale. Ils sont d'ailleurs en train de faire de l'ombre à certains sports plus «traditionnels».

Mais comment recenser ses «aficionados» qui peuvent aussi bien évoluer dans la rue, sur l'eau, dans la neige sur des skateparks publics ou sur des structures payantes? Nos études à Montréal nous permettent d'obtenir une estimation. Pour le skateboard, nous obtenons environ 75 000 adeptes occasionnels et 40 000 adeptes réguliers. En y ajoutant le patin à roues alignées, une pratique familiale qui touche une tranche d'âge bien plus conséquente, et le BMX aussi populaire auprès des jeunes que le skateboard, cette population passerait à 250 000 pratiquants occasionnels et 120 000 puristes.

Ainsi, chaque semaine, ces nouveaux sportifs ne peuvent se passer de l'amusement et des sensations que procurent ces engins. Pour vous en rendre compte, il vous suffit de vous rendre au TAZ (rue Papineau) ou à Southparc (Brossard) un samedi après-midi et vous serez en mesure de juger de l'adhésion totale des jeunes générations montréalaises aux pratiques urbaines.

De tels chiffres nous font légitimement nous poser la question des capacités d'accueil de ces nouveaux sportifs. Est-ce que Montréal est en mesure d'offrir des sites de qualité pour accueillir une telle population? Malgré les efforts consentis par la municipalité, les 32 pistes proposées, certaines composées de quelques modules, semblent bien insuffisantes. Elles ne combleraient pas les attentes et feraient pâles figures comparées aux structures payantes déjà citées.

Est-ce que la métropole québécoise est capable de répondre à cette demande des pratiquants du patin à roues alignées, des 8 à 35 ans qui pratiquent le skateboard et le BMX pour réaliser des figures, exploiter un mobilier urbain brut ou reproduit dans des zones spécialement conçues? Est-elle capable d'accueillir les X-Games tant attendus?

Construire une structure publique temporairement utilisée pour des événements mondiaux serait une solution et profiterait toute l'année aux pratiquants locaux. Nos analyses démontrent que ces sports urbains font se rencontrer des jeunes de tous les horizons sociologiques, économiques et ethniques partageant la même passion. Il serait dommage de ne pas profiter de cet élan freiné par l'accès à des sites très attrayants, mais payants et donc difficiles d'accès à certaines populations modestes.

Malgré ces manques, Montréal s'affirme comme une ville incontournable pour les sports extrêmes. Le 12 juin prochain, le TAZ accueillera une étape des DC Nationals. Cette compétition permet à des amateurs de skateboard de tenter leurs chances et de démontrer tout leur talent. Différentes étapes s'arrêtent dans les villes majeures du Canada. Mais la finale de ce championnat canadien revient à Montréal le 21 et le 22 août, preuve incontestable de l'engouement local. Si la métropole québécoise semble inévitable pour les experts du skateboard, qu'attend-elle pour se doter d'autres structures conséquentes et publiques? Pourquoi ne relève-t-elle pas le défi d'un équipement majeur et innovant? Pourquoi ne se dote-t-elle pas d'un parc à thèmes afin d'accueillir, comme il se doit, les sports «extrêmes»?

Certains espaces semblent déjà tout indiqués. Réutiliser les alentours du Stade olympique serait une des solutions possibles. Un circuit aménagé pourrait partir d'un site que ces passionnés considèrent comme un élément de leur patrimoine architectural et historique: le big O. Ce projet permettrait justement de dynamiser le pôle Maisonneuve et répondre à cette population qui souhaite avant tout s'amuser et s'épanouir.

Alors, à quand un équipement digne de Montréal et que le reste de l'Amérique du Nord va nous envier?