Il y a quelques jours, le 31 mai, le 100e anniversaire de l'Afrique du Sud est passé presque inaperçu. Les yeux du public sud-africain étaient plutôt rivés sur le compte à rebours des 10 derniers jours avant le début de la Coupe du monde. Le battage atteint son paroxysme à la télé et à la radio. La moitié des annonces publicitaires sont associées à la Coupe du monde.

Il y a quelques jours, le 31 mai, le 100e anniversaire de l'Afrique du Sud est passé presque inaperçu. Les yeux du public sud-africain étaient plutôt rivés sur le compte à rebours des 10 derniers jours avant le début de la Coupe du monde. Le battage atteint son paroxysme à la télé et à la radio. La moitié des annonces publicitaires sont associées à la Coupe du monde.

Le spectacle n'excite pas tout le monde, cependant. Certains mettent même en doute la validité de l'ensemble du projet. Ce scepticisme découle principalement des dépenses massives et, pour plusieurs, injustifiées.

Dans son cahier de candidature original, l'Afrique du Sud avait estimé à 156 millions $US les dépenses sur le stade et le développement d'infrastructures pour la Coupe du monde. Le pays a, jusqu'à ce jour, dépensé 2,2 milliards $US sur les seules mises à niveau des édifices et stades - plus de 14 fois l'estimation du début.

Trois nouveaux stades, construits dans des villes qui n'ont pas d'équipes de soccer ou de rugby dans les ligues majeures, deviendront des éléphants blancs après le tournoi. Leur entretien annuel coûtera 2 millions . Au Cap, on a construit un nouveau stade au coût de 585 millions alors qu'on aurait pu, pour le quart du prix, mettre à niveau un excellent stade de rugby existant. Le nouveau stade a été érigé pour répondre aux normes de la FIFA - pour que Le Cap puisse accueillir un seul match des demi-finales. À Durban, un nouveau stade avoisine un stade de rugby massif qui sera démoli après la Coupe du monde.

Qui réglera la note? Le gouvernement sud-africain, les provinces et les municipalités - c'est-à-dire les contribuables d'un pays où la pauvreté est généralisée. On aurait mieux fait d'affecter ces fonds aux besoins de logement, de santé et d'éducation.

Qui en profitera? La FIFA, qui devrait encaisser des profits record au tournoi - au moins 3,2 milliards, et les grandes entreprises associées à l'événement qui ont reçu la garantie d'un marché captif, protégé contre la concurrence de marques rivales et de marketing pirate. Cette Coupe du monde sera néolibérale.

Pour l'Afrique du Sud, la Coupe du monde 2010 est un grand projet national. Dans tout ce battage publicitaire, le public entretient de grands espoirs pour son équipe, le National Eleven, même si elle compte parmi les équipes les plus faibles du tournoi et, jouant dans un groupe difficile, risque de ne pas progresser bien loin. Le meilleur compromis serait la victoire d'une autre équipe africaine - la Côte d'Ivoire peut-être.

La tenue d'un tournoi réussi, sans incidents ou pépins majeurs, compte encore davantage pour la fierté nationale. Un tel dénouement constituerait un sérieux coup de pouce dans un pays reconnu pour sa corruption et son inefficacité.

Tout amateur enthousiaste que je sois, je serai heureux quand ce tournoi sera terminé.

* L'auteur enseigne l'histoire à la Rhodes University, à Grahamstown, en Afrique du Sud. Il a rédigé plusieurs ouvrages sur l'histoire de son pays. Il est également amateur de soccer.