Le mois prochain, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, et ses homologues des provinces et territoires se rencontreront à l'Île-du-Prince-Édouard. La sécurité du revenu de retraite figurera en tête de leur ordre du jour.

Le mois prochain, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, et ses homologues des provinces et territoires se rencontreront à l'Île-du-Prince-Édouard. La sécurité du revenu de retraite figurera en tête de leur ordre du jour.

Trois piliers soutiennent présentement le revenu de retraite au Canada. Il y a d'abord la pension de la sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti, lesquels fournissent à 4,5 millions de Canadiens une garantie de revenu totalisant 33 milliards de dollars par année. Vient ensuite le Régime de pensions du Canada/Régime de rentes du Québec qui, bien que jugé solide sur le plan actuariel pour les 75 prochaines années, ne procure pas un revenu de remplacement suffisant à nombre de Canadiens. Finalement, le Régime enregistré d'épargne-retraite (REER) et le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) sont disponibles dans le domaine public. Grâce au CELI, dont la création avait été annoncée par le ministre Flaherty en 2008, presque cinq millions de Canadiens ont épargné un total de 16 milliards de dollars dans l'outil de retraite le plus innovateur depuis la mise sur pied du REER en 1957. Le CELI a les avantages de ne pas imposer de limite d'âge et d'être rentable du point de vue fiscal.

Mais les Canadiens épargnent beaucoup moins qu'avant. Au sortir de la récession de 1982, le taux d'épargne avait grimpé à plus de 20%. Il n'a cessé de chuter depuis. En 2005, les Canadiens n'ont mis de côté que 1,2% de leur revenu personnel pour les mauvais jours, bien que le taux d'épargne ait rebondi à 4,7% en 2008, ce qui démontre bien que les gens ont tendance à épargner davantage en temps d'incertitude économique.

Mais cela est-il suffisant? Absolument pas. Par exemple, environ un tiers des Canadiens ont un plan financier et moins de 40% des Canadiens cotisent à un REER. Par ailleurs, notre génération, contrairement à celle de nos parents, ne semble pas s'inquiéter outre mesure d'avoir encore des dettes à la retraite. Cela n'est pas une bonne idée. Les Canadiens doivent tout mettre en oeuvre pour ne plus avoir de dettes à l'aube de la retraite.

Les gens qui prennent leur retraite aujourd'hui vivent plus longtemps, mais épargnent moins, et la tendance à passer des régimes à prestations déterminées aux régimes à cotisations déterminées a reporté sur le dos des particuliers la tâche de gérer leur épargne-retraite, tâche qui incombait auparavant aux institutions.

En fait, la plupart des gens n'ont ni régime à prestations déterminées ni régime à cotisations déterminées, bien que les banques et autres grandes institutions offrent un régime de retraite individuel (RRI) qui procure des prestations déterminées à la retraite. Le RRI convient aux propriétaires d'entreprise et aux professionnels qui peuvent se constituer en personne morale. En d'autres termes, le secteur privé offre des solutions alternatives.

Une grande part du débat public s'est concentrée sur l'aspect «régime de retraite universel» de l'équation. Mais des changements pourraient être apportés aux règles qui régissent les REER et les FERR afin de permettre aux Canadiens de mieux contrôler leur retraite.

Premièrement, les stratèges devraient envisager d'éliminer la limite d'âge de cotisation à un REER. Comme les Canadiens vivent et travaillent plus longtemps, il serait logique qu'ils puissent épargner plus longtemps plutôt que d'être forcés à cesser d'épargner et à commencer à retirer des fonds de leur régime à 71 ans.

Deuxièmement, ils devraient penser à réduire les impôts à payer sur les retraits de FERR. Actuellement, ces retraits étant traités comme un revenu d'emploi, ils sont assujettis au taux d'imposition le plus élevé et ne profitent pas du traitement fiscal favorable dont les valeurs sous-jacentes auraient pu bénéficier. Au contraire, seules les cotisations au régime devraient être imposées en tant que revenu d'emploi et le revenu de placement devrait être imposé à un taux inférieur comparable à celui des valeurs détenues en dehors d'un régime enregistré.

Troisièmement, le niveau prescrit de retrait des fonds d'un FERR devrait être réduit. Les taux de retrait actuellement en vigueur risquent d'épuiser les FERR trop rapidement.

Quatrièmement, on devrait offrir aux cotisants davantage de possibilités de céder leur REER ou leur FERR à l'abri de l'impôt à leur décès. Pourquoi ne permettrait-on pas un roulement exempt d'impôt aux REER des enfants pour leur permettre de profiter de l'épargne de leurs parents lors de leur propre retraite? Bien des gens qui approchent de la retraite aujourd'hui et dont les parents sont encore en vie pourraient profiter d'une telle mesure immédiatement. Ce changement s'apparenterait aux modalités permettant le roulement libre d'impôt d'un REER ou d'un FERR dans un Régime enregistré d'épargne invalidité qu'a annoncées le ministre Flaherty dans son budget de 2010.

Enfin, les limites de cotisation à un REER devraient être élargies pour permettre aux Canadiens d'épargner davantage pour leur retraite. Bien que certains aient demandé l'instauration de programmes d'épargne continue ou autres régimes publics plus contraignants ou volontaires, cela ne nous paraît pas nécessaire pour l'heure, compte tenu du fait qu'il reste tant d'espace de cotisation non utilisé dans les REER et les CELI.

Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est de littératie en matière financière, et nous espérons que le Groupe de travail sur la littératie financière du gouvernement fédéral fera davantage ressortir l'importance pour les Canadiens de consommer moins et d'épargner davantage.