L'accord de compromis sur le dossier nucléaire iranien conclu à l'arraché 1undi dernier par le président Lula du Brésil et le premier ministre Erdogan de Turquie, après 18 heures de négociations intensives à Téhéran, a mis Washington dans l'embarras. Il l'a poussé à précipiter la publication et le dépôt au Conseil de sécurité de l'ONU du libellé des nouvelles sanctions proposées contre l'Iran sur lesquelles les États-Unis venaient de s'entendre finalement après des mois de tractations difficiles avec la Russie et la Chine pour éviter tout veto.

L'accord de compromis sur le dossier nucléaire iranien conclu à l'arraché 1undi dernier par le président Lula du Brésil et le premier ministre Erdogan de Turquie, après 18 heures de négociations intensives à Téhéran, a mis Washington dans l'embarras. Il l'a poussé à précipiter la publication et le dépôt au Conseil de sécurité de l'ONU du libellé des nouvelles sanctions proposées contre l'Iran sur lesquelles les États-Unis venaient de s'entendre finalement après des mois de tractations difficiles avec la Russie et la Chine pour éviter tout veto.

C'est donc in extremis que l'Iran a conclu l'accord en acceptant de lever les trois principales objections qui avaient fait avorter en octobre 2009 un compromis alors proposé par les États-Unis et leurs alliés pour différer de nouvelles sanctions et permettre la poursuite de négociations de avec Téhéran.

L'embarras politique des États-Unis, en passant outre à l'accord conclu à Téhéran, est double. D'une part, ils se trouvent à rejeter un accord qui est à peu de choses près celui qu'ils avaient proposé en octobre dernier et qu'ils estiment maintenant dépassé. D'autre part, ce ne sont plus les traditionnels «empêcheurs de tourner en rond» au Conseil de sécurité que sont la Russie et la Chine, réputés amis de l'Iran, qui s'opposent à de nouvelles sanctions.

Ce sont maintenant le Brésil et Turquie qui sont certes des membres sans veto du Conseil de sécurité, mais qui posent un nouveau problème. Lula est le président du plus grand État démocratique d'Amérique latine et jouit d'une très haute réputation non seulement dans le Tiers-Monde, mais aussi bien dans le monde occidental.

Quant à elle, la Turquie est non seulement un État démocratique, mais aussi un membre de l'OTAN, l'alliance la plus serrée des États-Unis. Un vote négatif des deux pays dont on a écarté le rôle et l'avis nuirait au consensus et entacherait la légitimité dans laquelle l'administration Obama tenait à envelopper les sanctions.

Il n'y a pas seulement les États-Unis qui sont embarrassés par le succès diplomatique du Brésil et de la Turquie. La Chine et surtout la Russie le sont presque autant. Pour eux aussi, l'embarras est double. Tous deux se considèrent non sans raison comme amis de l'Iran. L'Iran est membre «observateur» de l'Organisation de Shanghai, le lieu privilégié du partenariat stratégique de la Russie et de la Chine.

Un haut fonctionnaire du ministère iranien des Affaires étrangères, rencontré à Téhéran il y a trois semaines, me signalait que la Russie et la Chine avaient refusé d'accorder à son pays le statut de membre à part entière de l'Organisation pour ménager les susceptibilités de Washington, mais que dans les faits l'Iran y était traité comme un membre à part entière, comme les États d'Asie centrale postsoviétique.

Pendant des mois, la Russie et la Chine se sont concertées et ont tenté de négocier avec l'Iran un compromis semblable à celui arraché par le Brésil, en lui laissant bien sûr savoir qu'à défaut d'un tel compromis, elles seraient contraintes de se rallier à des sanctions qu'elles chercheraient évidemment à limiter. Il est significatif que l'Iran ait choisi de conclure ce compromis, non pas avec ses «amis exigeants», mais avec le Brésil et la Turquie auxquels elle doit beaucoup moins sur le plan économique et politique.

De plus, double vexation pour elles, tout indique que c'est la crainte de quelques nouvelles hésitations de la Russie et de la Chine qui a entraîné la précipitation avec laquelle Washington a rendu public le texte des nouvelles sanctions. En effet, peu après l'annonce de l'accord de Téhéran, Medvedev a publiquement déclaré qu'il était nécessaire de l'examiner sérieusement. Dans les heures suivantes, le texte des sanctions était déposé et l'ambassadeur de Russie à l'ONU déclarait que comme c'est la règle, ce n'était pas son pays, mais les parrains du texte de la résolution (Washington et ses alliés) qui avaient décidé du moment du dépôt. Pas étonnant que Moscou et Pékin donnent des signes de mécontentement avant même le début des débats du Conseil de sécurité.