À observer l'omniprésence médiatique du président de British Petroleum, Tony Hayward, nous pouvons être certains d'une chose: il possède une équipe de gestion de crise très efficace, probablement motivée à ne pas répéter le cafouillage médiatique extraordinaire de la Exxon Corporation, à la suite de la tragédie de l'Exxon Valdez en 1989.

À observer l'omniprésence médiatique du président de British Petroleum, Tony Hayward, nous pouvons être certains d'une chose: il possède une équipe de gestion de crise très efficace, probablement motivée à ne pas répéter le cafouillage médiatique extraordinaire de la Exxon Corporation, à la suite de la tragédie de l'Exxon Valdez en 1989.

Alors que le chef de la direction de la Exxon Corporation, Lawrence Rawl, avait pris la décision stratégique de ne pas parler aux médias, y déléguant de simples porte-parole, le président de BP, Tony Hayward, a décidé de prendre le taureau par les cornes et d'affronter la horde médiatique. Sur le plan de l'image de la société, cette intervention présidentielle - loin d'assurer la survie à court, moyen ou long terme d'une compagnie aux prises avec un tel désastre - démontre néanmoins une responsabilité sociale qui permettra à la direction de l'entreprise de gagner du temps. Gagner du temps pour tenter de régler la situation et pour ajuster le plan de gestion de crise à moyen terme.

Ce que M. Hayward démontre par sa proactivité médiatique, c'est que BP semble avoir la situation bien en main. Et la nuance est importante à faire. Sans expliquer qu'elle possède la solution miracle pour empêcher une catastrophe environnementale, British Petroleum et son président démontrent aux yeux de la planète être en contrôle de la situation, autant que faire se peut. L'est-elle vraiment? À ce stade-ci, et toujours dans une optique de gestion de l'image à court terme, ils se doivent d'être convaincants. Il est important de rassurer la population en général, les actionnaires aussi, en présentant un chef d'entreprise solide, bien en selle et entouré d'une équipe qui fait tout pour contenir la situation.

La compagnie propose des solutions, elle diffuse des vidéos animées de ces solutions potentielles, établit des échéanciers temporaires, annonce qu'elle va assumer ses responsabilités et payer pour les dégâts, bref, la compagnie nous démontre qu'elle met tout en oeuvre pour régler la situation. Et, jusqu'à présent, la stratégie semble fonctionner. Les médias ont de quoi s'alimenter. L'attention est portée sur les éléments de solution et sur l'avancée des travaux de colmatage plutôt que sur la recherche d'un coupable. Cette question est réglée. Pour l'instant, la compagnie assume.

Et sans vraiment s'en rendre compte, la population mondiale observe silencieusement cette inquiétante course contre la montre, sans nécessairement avoir le désir profond de lyncher un coupable. Car le coupable donne vraiment l'impression de faire de son mieux. Et si le coupable est lynché, il ne pourra plus gérer la situation. Alors, laissons-le travailler, et ne crions pas trop fort afin de ne pas le déconcentrer. Et c'est cette brèche que BP a, jusqu'à présent, réussi à colmater habilement.

Mais qu'arrivera-t-il lorsque la fuite sera contrôlée? Qu'arrivera-t-il lorsque la poussière sera retombée et que l'ampleur réelle du désastre sera connue? Il faudra alors entrer dans la phase trois du plan de gestion de crise. Le plan à long terme. Et c'est là que l'exemple de la Exxon Corporation, devenue depuis Exxon Mobile, nous ramène à la triste réalité, et ce, au grand dam de l'environnementaliste qui dort en chacun de nous. Dix-huit ans qu'il a fallu pour que la Cour suprême des États-Unis en arrive à un règlement, une condamnation ridiculement altérée, selon plusieurs.

Est-ce que British Petroleum et son président Tony Hayward assumeront leur responsabilité jusqu'au bout? Y aura-t-il un règlement rapide et efficace de la situation, comme semble vouloir le démontrer habilement la haute direction? Donnons-leur le bénéfice du doute. Mais pour l'instant, un A pour l'effort!