«Surprise: la construction et l'entretien des routes au Québec coûtent moins cher que la moyenne canadienne»... Pourquoi faut-il se surprendre de lire un tel résultat à la suite d'une analyse minutieuse effectuée par l'Union des municipalités du Québec (UMQ) à partir d'une étude commanditée par Transports Canada?

«Surprise: la construction et l'entretien des routes au Québec coûtent moins cher que la moyenne canadienne»... Pourquoi faut-il se surprendre de lire un tel résultat à la suite d'une analyse minutieuse effectuée par l'Union des municipalités du Québec (UMQ) à partir d'une étude commanditée par Transports Canada?

Probablement parce que, sur ce sujet, on a entendu depuis environ six mois divers intervenants reprendre à leur compte, sans vérification aucune, une affirmation qui avait été faite un peu à la légère par divers groupes qui ont peut-être un intérêt à faire mal paraître les autorités publiques. En effet, ce qui devrait nous surprendre, c'est bien plus d'entendre tout un chacun prétendre qu'au Québec, ça coûte jusqu'à 36% plus cher qu'ailleurs au pays!

Les membres du conseil d'administration de l'UMQ, en entendant cela au cours de l'automne 2009, se sont dit de deux choses l'une: ou bien cette affirmation est fausse et il faut corriger la mauvaise perception qui en découle, ou encore nos administrateurs publics sont tous, sans le savoir, «dans le champ» lorsqu'ils accordent des contrats de voirie, acceptant sans broncher de faire payer aux contribuables un tiers de plus que dans les autres provinces canadiennes. D'où le mandat confié au secrétariat de l'Union de contre-vérifier la source d'où émanent supposément ces affirmations.

Au cours de l'hiver, l'Union a donc travaillé fort sur ce dossier et s'est fait aider par les meilleurs experts disponibles. L'Union a contacté Transports Canada pour comprendre les tenants et aboutissants de l'étude en question.

Le résultat a été communiqué par l'UMQ au cours des derniers jours. Ce n'est pas 36% de plus qu'on paie au Québec, c'est plutôt 2% de moins! Le portrait change un peu.

Ce faisant, l'UMQ n'entérine pas les données qui ont été utilisées dans l'étude de Transports Canada; elle ne fait que remettre les pendules à l'heure en calculant tout ce qui doit l'être, à partir des mêmes données.

Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une route, ce n'est pas que la surface que l'on voit, c'est un ensemble d'éléments structuraux, des ouvrages d'art et des ponts, des aménagements, de la préparation de terrain, du drainage, de l'entretien, etc. C'est tout cela qu'il aurait fallu calculer la première fois, et on se serait évité un psychodrame collectif.

Cependant, à quelque chose, malheur est bon. En effet, l'Union a pris conscience au cours des derniers mois de la très grande difficulté à mettre de l'avant des comparaisons rapides, efficaces et peu coûteuses. En gestion, on appelle ça de l'étalonnage concurrentiel (benchmarking).

Cette conclusion rappelle un peu la recommandation faite au MTQ par le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, à l'automne 2009, à l'effet de se donner des moyens internes de valider les prix contractés dans diverses situations. Il s'agit là d'un coût à première vue, mais qui permet de comprendre l'état de la concurrence sur les marchés et nous permet éventuellement de modifier nos pratiques pour déjouer des conditions de marché désavantageuses. Dans la foulée de ses conclusions sur le coût des routes au Québec, l'UMQ a donc adressé au ministre des Affaires municipales et à la ministre des Transports du Québec une demande de collaboration dans la mise en place d'un bureau d'analyse des prix contractés sur les marchés publics.

Pour ma part, ce que je vois dans le débat sur le coût des routes, c'est que le terrain était fertile, lorsqu'il a été affirmé et abondamment repris que nos routes coûtaient 36% plus cher qu'ailleurs, pour partir en peur à ce sujet et réclamer une «énième» fois une enquête publique sur l'industrie de la construction.

Ce que l'UMQ peut apporter au débat maintenant qu'elle a fait un travail d'analyse que d'autres auraient également dû faire, c'est que si une enquête publique s'avère toujours nécessaire, ce n'est peut-être pas pour mettre au jour un sombre complot sur le coût des routes. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des zones d'ombre à éclaircir, mais au moins, ça ne semble pas être celle-là.