Le récent budget du gouvernement fédéral fait état d'un financement de 8 millions de dollars par an pour permettre de poursuivre la restauration des Grands Lacs. Il faut se réjouir de cette annonce, car l'amélioration de la qualité de l'eau des Grands Lacs devrait permettre d'améliorer celle du fleuve Saint-Laurent. Ce montant semble toutefois bien dérisoire si on le compare aux 475 millions de dollars américains annuels annoncés récemment par le président Obama dans son plan de restauration des Grands Lacs (secteur américain).

Le récent budget du gouvernement fédéral fait état d'un financement de 8 millions de dollars par an pour permettre de poursuivre la restauration des Grands Lacs. Il faut se réjouir de cette annonce, car l'amélioration de la qualité de l'eau des Grands Lacs devrait permettre d'améliorer celle du fleuve Saint-Laurent. Ce montant semble toutefois bien dérisoire si on le compare aux 475 millions de dollars américains annuels annoncés récemment par le président Obama dans son plan de restauration des Grands Lacs (secteur américain).

Plus préoccupant encore, rien n'est prévu dans le récent budget pour soutenir directement des programmes de réhabilitation pour le Saint-Laurent, qui est pourtant l'un des cours d'eau les plus importants au Canada, et l'un des plus peuplés.

Au Québec, 80 % de la population réside sur ses rives. Ce fleuve est un des joyaux de notre patrimoine naturel et l'hôte de plusieurs milliers d'espèces, un fait important à souligner dans le contexte de l'année internationale de la biodiversité.

Voilà maintenant un peu plus de 20 ans que le premier programme de restauration du Saint-Laurent a vu le jour. C'était en 1988. Le Canada et le Québec signaient la première entente historique en vue de restaurer la qualité de l'eau du Saint-Laurent, plus communément appelée le Plan d'action Saint-Laurent.

Il faut dire que la situation était alors critique. La plupart des industries rejetaient alors leurs effluents sans traitement préalable directement dans le fleuve. Grâce à des efforts soutenus, généralement en lien avec ce programme, la situation s'est certes améliorée. Les grandes industries riveraines ont collaboré aux différentes phases du Plan Saint-Laurent en réduisant leurs rejets toxiques et en traitant leurs effluents. Les villes et municipalités se sont dotées d'équipements susceptibles de mieux traiter leurs rejets au fleuve. Ainsi, la qualité de l'eau s'est améliorée, par exemple, des sites autrefois désertés pourraient dans un avenir rapproché redevenir propices à la baignade.

Cependant, nous nous devons de rester vigilants comme en témoigne le plus récent portrait sur l'état du Saint-Laurent, publié en 2008 par les gouvernements du Canada et du Québec (Portrait global de l'état du Saint-Laurent 2008). La population de bélugas est stable, mais elle n'a pas augmenté, ce qui fait que l'on ne peut pas parler de rétablissement majeur de cette espèce phare de notre Saint-Laurent. Peu d'améliorations également du côté des populations d'oiseaux et de la superficie des milieux humides.

De plus, de nouvelles menaces commencent à poindre à l'horizon ou s'intensifient, telles que les espèces exotiques envahissantes, de nouvelles substances toxiques (par exemple, les polybromodiphényléthers ou PBDE), la pollution agricole, ainsi que les fluctuations de niveaux d'eau et l'aggravation de l'érosion des rives dues aux changements climatiques.

Le Plan d'action Saint-Laurent, financé en grande partie par le gouvernement fédéral, se termine le 31 mars. Depuis près de 20 ans, un réseau d'organismes dynamiques travaille avec les autorités gouvernementales et les collectivités riveraines à la réhabilitation du Saint-Laurent. Ces organismes sont, plus que jamais, prêts à s'affairer à la restauration du fleuve, à relever de nouveaux défis associés à la gouvernance de l'eau, et à contribuer à faire face aux nouveaux enjeux.

Le gouvernement fédéral doit démontrer son soutien aux collectivités riveraines du Saint-Laurent, notamment par un soutien conséquent de ce réseau. Or, le présent budget ne semble pas démontrer l'intérêt du gouvernement à l'égard du fleuve.

Un peu partout au Québec, le long du Saint-Laurent, de nombreux intervenants, élus, comités d'usagers et groupes d'intérêts s'inquiètent des signes d'un désengagement du gouvernement fédéral et d'une baisse de son financement des programmes de restauration et de suivi du Saint-Laurent. Le Saint-Laurent mérite encore toute notre attention. Il est encore soumis à de multiples pressions. Il y a un intérêt de plus en plus marqué des citoyens de se réapproprier ses berges ainsi que la pratique d'activités récréatives telles que la baignade et la pêche.

Nous avons besoin du Saint-Laurent et le Saint-Laurent a encore besoin que l'on se préoccupe de lui.



* Stratégies Saint-Laurent est un regroupement des 14 comités de zone d'intervention prioritaire (comités ZIP) situés tout le long du Saint-Laurent et reconnus officiellement par les gouvernements du Canada et du Québec dans le cadre du Plan Saint-Laurent.